« Un geyser dans mes bobettes! »
Dit comme ça, à frette, c’est bizarre, je sais… Mais tu vas bientôt comprendre pourquoi j’ai commencé cette chronique avec cette phrase-choc.
J’ai commencé mes contractions dans la nuit de vendredi à samedi, vers 2h du matin. Et parce que je ne suis pas une débutante et que je mettais le quotidien de mon chum et de ma mère en standby le temps de pousser la petite à la vie, je me suis fait un devoir de m’assurer d’écarter toutes possibilités de faux travail… HA!
C’est là que tu comprends que ton corps, il n’en a rien à foutre de tes plans et qu’il a préalablement déjà concocté avec la crevette une planification bien à eux, loin de toutes tes prédictions!
Faux travail?!
C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai bien calculé mes contractions pendant 2h et que j’ai pris un bain pour voir si elles diminueraient d’intensité avant de sonner l’alarme, à 5h du matin. L’hôpital suggère fortement d’attendre d’avoir des contractions aux 5 minutes, de façon régulière pendant un minimum d’une heure avant de se présenter à la maternité…
2h plus tard, deuxième grossesse, sachant que les choses pouvaient évoluer très rapidement, je me suis dit que c’était le temps.
J’avais préalablement calculé le temps de réveil adéquat de mon chum pour être alerte et d’attaque, ainsi que le temps d’arrivée de mes parents. J’ai décidé de prendre le risque d’attendre l’intervalle de 3 minutes entre chaque contraction avant de partir pour la maternité, sauf que…
Les 3 minutes ne se sont jamais présentées et les maudites contractions ont décidé d’arrêter tout bonnement vers 12h…
EH MERDE !!!
Ma pauvre maman qui s’était réveillée à 4h du matin en alerte et qui avait cancellé sa journée de travail. Mon chum qui avait aussi annulé ses clients et moi qui refusais d’être responsable de toutes ces pertes de temps. J’ai donc pris mon courage – et ma bedaine à deux mains, puis j’ai obligé ma mère et mon garçon à aller faire une belle promenade dehors pour essayer de réenclencher le travail… Tant qu’à y être, aussi bien y aller à fond!
Rien à faire, mon utérus m’a abandonné à mon triste sort… et à mes remords.
Je vais m’en souvenir longtemps!
Détournement de situation
Puisque j’avais abandonné tout espoir d’accoucher dans la même journée, j’ai décidé d’en profiter pour faire une bonne sieste et pour reprendre un peu de force. Alors que je dormais paisiblement, peut-être trop d’ailleurs, je me suis fait réveiller vers 15h par l’intensité et la longueur de nouvelles contractions…
DIEU MERCI!
MAIS CR*** QUE ÇA FAIT MAL!
13 minutes plus tard, une autre et encore une autre… Plus forte et plus longue! Ne voulant pas être encore déçue d’un autre faux travail, j’ai laissé le temps faire les choses. C’est vers 21h que mon chum et ma mère ont trouvé que les contractions avaient l’air plus rapprochées et douloureuses et qu’on m’a littéralement obligé à aller à la maternité pour faire une évaluation :
Tu ne comprends pas : on va aller là-bas, mes contractions vont diminuer et ils vont me retourner à la maison! C’est hors de question que je sorte de chez moi ce soir pour revenir les mains vides!
Prête pas prête, j’y vais!
Évidemment, j’ai dû me raisonner à aller perdre mon temps au triage de maternité…
Oh madame, vous êtes déjà rendue à 5 cm! On prépare votre chambre, vous restez avec nous!
Eh merde!
Le truc, c’est que là, maintenant, je n’étais plus tant prête émotionnellement à accoucher. J’avais abandonné l’idée de voir ma petite dans la même journée, j’avais juste envie de rentrer à la maison, de serrer mon garçon et dormir en petite boule avec lui.
Les hormones, j’imagine… je ne sais pas!
On vous met le soluté, madame, ensuite nous allons injecter l’antibiotique pour lui laisser le temps de faire son effet et l’anesthésiste devrait arriver d’ici une trentaine de minutes pour vous soulager.
Ah oui parce que :
- J’avais été positive au streptocoque B, chose qui, selon mon médecin, n’avait absolument rien de grave, qui était présente chez beaucoup de femmes et qui demande simplement la prise d’un antibiotique au minimum 4h avant l’accouchement pour protéger le bébé.
- Depuis mon arrivée à l’hôpital, mes contractions étaient rendues aux 5 minutes et très fortes, donc je commençais déjà à ne plus être capable de gérer la douleur. Ce qui fait que pour m’assurer de ne pas souffrir et de ne pas me faire oublier, j’ai dû demander l’épidurale à tous ceux qui croisaient mon chemin en allant à la chambre. Même le concierge savait que je ne voulais pas qu’on m’oublie!
Impression de déjà vu
30 minutes, ce n’est pas si long en vrai…
sauf quand tu souffres le martyre, que tu ne sais pas encore si tu seras vraiment soulagée et que tu entends les autres futures mamans accoucher dans la douleur, par manque d’insonorisation des chambres
Effectivement, cette nuit-là, les femmes s’étaient toutes donné rendez-vous pour accoucher au même moment où moi, j’attendais l’anesthésiste. Elles s’étaient donné le mot pour me faire paniquer! Exactement comme je l’ai mentionné dans un épisode précédent de ma chronique, lorsque je parlais de la jungle des couloirs de maternité. Je me souviens m’être dit entre deux crises de panique que je n’aurais pas pu voir plus juste à l’écriture de ces lignes!
Mon infirmière devait avoir pitié de moi et essayait tant bien que mal de me rassurer, alors qu’elle-même était troublée par les cris de ces guerrières.
Presque parfait
Toc. Toc. Toc.
Madame Garneau? Êtes-vous prête pour l’anesthésie?
J’étais prête dans le ventre de ma mère, donc accélère avant que je me défenestre du 7e étage, sur un coup de faiblesse! 15 minutes plus tard, je sens déjà l’effet et des larmes coulent.
Je ne peux pas croire que dans la vie, on peut tomber en amour avec une machine qui te relie par un fil et qui te gèle le bas du corps, t’empêchant par le fait même d’uriner.
Je capote, je suis aux anges. Mais je me rends compte rapidement que cette fameuse machine me fait défaut et que, lorsque je dois m’injecter, elle se met à faire un bip-bip pas super rassurant et que la douleur se remet, tranquillement, mais surement, à irradier dans mon corps…
HELP!!!
Est-ce que je vais mourir?
Mon infirmière me revient en arrangeant ma dose et m’explique que je devrai sonner à chaque injection pour venir l’activer. Sauf que, plus le temps avance, plus je me rends compte que la combinaison « problème de dose d’épidurale et augmentation d’intensité des contractions » ne font pas bon ménage et que la pression que je ressens dans les fesses, ainsi que le liquide que je sens couler m’indique que le travail avance peut-être plus rapidement que le plan du médecin…
Médecin qui n’est d’ailleurs jamais venu m’évaluer depuis mon admission, il y a 4h…
Son plan était entre autres d’attendre le 4h nécessaire pour les antibios avant de percer la poche des eaux et/ou de m’injecter un activant pour accélérer le travail. Mais, l’infirmière s’était voulue la plus rassurante possible en m’expliquant être la next sur la liste du médecin, juste après l’accouchement sur lequel il travaillait présentement. Et qu’effectivement, la poche des eaux avait percé, mais que ça n’affecterait pas l’évolution du travail…
Ne vous en faites pas madame Garneau, dans une vingtaine de minutes, vous saurez à quel stade vous en êtes et dans combien de temps vous devriez avoir votre petite princesse dans les bras…
I WISH!
Les 20 minutes, je ne les ai jamais vues, comme la face du médecin qui devait m’évaluer d’ailleurs! 5 minutes après que l’infirmière soit partie, j’ai explosé la poche des eaux…
Et quand je dis exploser, c’est que Ç’A LITTÉRALEMENT EXPLOSÉ… Je n’exagère même pas!
Imagine le bruit qu’une bouteille de champagne fait quand on la pop, amplifiÉ x10 à cause des micros qui servaient à écouter le cœur de Lou!
La couverture a même volé sous l’effet de la pression. Mon chum qui somnolait s’est réveillé en sursaut pendant que j’essayais de m’expliquer ce qui venait de se passer. Personne ne m’avait prévenu que ça pouvait faire ce genre de bruit… Je crois que j’ai même été chanceuse que la petite ne se soit pas retrouvée éjectée!
Même les micros ne détectaient plus le cœur du bébé!
Elle a clairement vécu sa première glissade d’eau à ce moment précis
Les choses se sont ensuite enchaînées très rapidement et visiblement, trop rapidement pour l’équipe médicale qui semblait ne pas comprendre quand je disais que je n’arrivais plus à retenir l’envie de pousser.
Respirez madame, on attend le docteur, il est en chemin! Ne poussez pas!
Ça prenait bien deux hommes pour me demander de ne pas pousser! Comme si la retenue de bébé était un sport aussi banal que le lancer de la pétanque… Comme si j’avais le total contrôle de mon corps…
Désolé monsieur, je vais faire un petit effort et fermer les jambes le temps que ledit docteur qui est censé venir m’examiner depuis les 4 dernières heures finisse par venir me voir…
Je n’ai rien contre les docteurs masculins, au contraire, j’ai toujours trouvé qu’ils étaient beaucoup plus doux et plus compréhensifs que les femmes… jusqu’à ce moment où j’ai remercié la vie de m’avoir attribué la seule infirmière de l’étage disponible ce soir-là!
Une maudite chance qu’elle a allumé lorsque mon chum à mentionner sous le coup de la panique que la tête de Lou sortait, alors que les gars étaient tout bonnement en train de mettre leurs sarraus et leurs gants, pas presser du tout par la situation!
F***k l’hygiène, les boys, sortez la mite de baseball pis essayez de l’attraper au vol!
La sortie finale
Lou est sortie exactement 10 min après avoir explosé la poche des eaux, en même temps qu’on me mettait les jambes sur les étriers, pendant que l’infirmière ramenait les gars à l’ordre de se grouiller, le tout en appelant d’urgence le médecin et en me guidant sur les poussés.
La fille mérite définitivement le prix de l’infirmière avec le meilleur sang-froid! Digne des films, j’ai eu un accouchement rapide, trop rapide pour les prédictions des médecins!
Je comprends maintenant comment certaines femmes n’arrivent tout simplement pas à se rendre à l’hôpital et je sais aussi que parfois, les choses peuvent évoluer beaucoup plus rapidement que les statistiques!
Ce qui m’a encore plus surpris, c’est la coopération de mon vagin pendant l’accouchement!
L’avantage d’avoir fait le travail jusqu’à la fin, sans avoir eu à provoquer quoi que ce soit, c’est qu’il a eu juste assez de temps pour se préparer à la sortie spectaculaire de ma fille, sans déchirure ni coupure!
Ça, c’est un méchant exploit! Mon post-partum apprécie grandement!
La finale… Jeudi prochain!
Pour lire les épisodes précédent, c’est ici: Épisode 6, Épisode 7, Épisode 8, Épisode 9, Épisode 10, Épisode 11, Épisode 12, Épisode 13, Épisode 14, Épisode 15, Épisode 16, Épisode 17, Épisode 18, Épisode 19, Épisode 20, Épisode 21, Épisode 22, Épisode 23, Épisode 24, Épisode 25