Le plus fort c’est mon père (merci Lynda Lemay)

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Photo Anne Nygard, Unsplash

Tout le monde a un papa. Ce personnage parfois difficile à cerner « parce que les hommes montrent moins leurs émotions ». Parfois, figure d’autorité, ou des fois, celui qui vient faire des dessins à la craie sur l’asphalte avec nous. Parfois, il est protecteur, et des fois, il nous fait rire à gorge déployée.

Des histoires de papa qui meurent, il y en a tous les jours. C’est un départ triste, mais inévitable…

Dans le cas de mon paternel, ce fut un départ lent et douloureux. Sa maladie (un dérivé de la sclérose latérale amyotrophique) s’est tellement installée sournoisement que j’ai du mal à mettre des années sur le dépérissement de son état. Tu sais, ce genre de maladie où tu as toute ta tête, mais où tu es prisonnier de ton corps qui répond de moins en moins…

Comme plusieurs personnes qui sont malades ou qui ont des proches malades, la situation m’a souvent mise hors de moi. Parce qu’on ne me donnait pas de résultats concluants, pas de solutions, pas de signes que mon père allait un jour remarcher sur ses deux jambes.

Aujourd’hui, ça fait un peu plus de six ans qu’il nous a quittés. C’est arrivé dans la nuit, deux jours avant son anniversaire. Sans être ésotérique ou croyante, cette nuit-là, j’ai très mal dormi. Et quand le téléphone a sonné, le lendemain, je savais.

Puis, le reste de cette journée est complètement floue..

Conduire vers la maison familiale dans le silence, pleurer, ne pas comprendre, se prendre dans nos bras, choisir une urne, déterminer une date pour l’enterrement. Un tourbillon.


Mon pilier

Mon petit frère a été un pilier important à ce moment, devenant une référence masculine remplie de courage. Je me revoyais le défendre à la maternelle quand on l’agaçait sur sa magnifique chevelure rousse. Les rôles étaient maintenant inversés.

La mort s’invite apparemment avec son amie : la vulnérabilité. Puis arrivera un peu plus tard l’urgence de vivre. Parce que la fameuse phrase « La vie est si fragile », ce n’est pas qu’une touchante chanson de Luc de la Rochelière, c’est aussi une vérité criante.

Combien de temps ça dure un deuil ? Je ne sais pas si on le complète vraiment un jour. Des fois, je pleure encore. Quand j’entends une vieille chanson d’Offenbach ou de Bon Jovi, comme quand ça résonnait fort dans les haut-parleurs de son camion Peterbuilt; quand je mange un grilled cheese, comme il aimait en préparer le dimanche matin; ou quand je vois une mousse au chocolat chez le pâtissier, comme il salivait à l’idée d’en engloutir une à chaque fête.

Il vit maintenant à travers des mots, des mélodies, des objets, des mets, des lieux


Notre héritage

Vous êtes-vous déjà questionné sur ce qu’on laisse en héritage au-delà des sous et du matériel? Sa personnalité m’inspire encore aujourd’hui. Sa persévérance hante chacune de mes journées. La fierté qu’il avait pour ses enfants me convainc d’avancer tous les matins.

Photo Annie Spratt, Unsplash

Ça doit être ça le superpouvoir d’un parent : aider et guider même quand on n’est plus là physiquement.

Et quand j’entends ces personnes se plaindre de tout et de rien, une voix intérieure résonne : « Tu marches, tu respires et tu parles librement, tu devrais célébrer la vie ». ÇA, c’est l’héritage que m’a laissé mon papa. Apprécier. Chérir. Ne rien tenir pour acquis. Il faut se le rappeler de temps en temps, hein?!

À la suite de son décès, j’ai pris des décisions personnelles dont je ressentirai les effets à long terme. On ne soupçonne pas l’impact qu’on a sur la vie des autres. Ça aussi, c’est un superpouvoir à apprivoiser.


Ma fierté

Ultimement, les souvenirs heureux et les belles valeurs (comme le réclamerait une candidate d’OD chez son prétendant!), c’est ça qu’on veut laisser de notre passage sur cette Terre. Je veux que la Cynthia, sur son lit de mort, soit fière de ses gestes, de ses relations et de ses décisions.

Et si, rendue là, j’ai une énorme maison, un chalet et un bateau, ce sera un sacré bonus!

Et j’écouterai du Bon Jovi bien fort en me souriant!