La fois où trop d’argent m’a rendue encore plus pauvre

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Juliana Mayo - Unsplash
Juliana Mayo - Unsplash

D’entrée de jeu, je vais admettre que je ne suis pas littéralement pauvre. J’ai un toit, des vêtements, je peux faire mon épicerie… Mais, il n’y a pas d’autres façons de le dire : une grosse entrée d’argent m’a rendue plus pauvre que je l’étais avant.

Selon ton âge, peut-être te souviendras-tu de l’histoire de la famille Lavigueur. Dans les années 80, une famille qui n’était pas très fortunée a remporté le gros lot à la loterie, soit 7M$. C’était partout dans les médias : « une famille pauvre devient soudainement riche ». Pour les plus jeunes, on se souvient de cette histoire qui avait été racontée dans une série télé qui s’appelait Les Bougons.

Mais, la fin de ce conte de fées a fait autant parler que son début, puisque cette grosse somme est partie en fumée au bout de quelques années.

Les raisons sont multiples, mais la plupart de ceux qui connaissent cette histoire s’entendent pour dire qu’il s’agit du parfait exemple de quoi ne pas faire lorsqu’on gagne à la loterie.

C’est un peu ce qui s’est passé avec moi!

La raison pour laquelle j’ai envie de partager mon expérience, c’est pour peut-être réussir à ce que d’autres ne commettent pas cette même erreur. D’un autre côté, ça va me servir de rappel si je suis confrontée au même dilemme dans un futur proche.


Le début du début

Cette petite introduction permettra de comprendre que j’aurais dû réfléchir avant. J’aurais dû prendre de bonnes habitudes avant, pour éviter de me mettre dans le trouble plus tard.

Voilà tout : j’ai décroché un emploi qui me rapportait un beau salaire. Rien de fou, mais le salaire moyen pour payer mes besoins essentiels et quelques extras. C’était aussi l’occasion de mettre de l’argent de côté pour un coussin d’urgence et tout ça.

Mais, puisque j’avais de l’argent MAINTENANT, j’ai décidé de dépenser MAINTENANT.

Demain c’est demain, aujourd’hui ça se passe. J’ai fait grimper mes factures dans des restaurants et des pubs, à coups de repas et d’alcool. Je sortais sans me soucier de quoi que ce soit, j’avais l’argent et je pouvais payer mon loyer, mon internet, et tout le reste sans aucun stress.

 Fred Moon – Unsplash

J’ai fait la belle vie quelques années, puis j’ai changé d’emploi.


Le gros chèque

Cette fois-ci, j’ai fait le choix de prendre un travail qui allait me rendre heureuse, mais je passais de 37.5 heures par semaine à environ 15 heures. Mon salaire aussi était réduit d’environ 3$ de l’heure. Je n’y voyais pas d’inconvénients, puisque j’occupais deux autres emplois autonomes pour combler le manque. J’ai coupé les sorties restos et pubs, évidemment.

C’était fini, j’allais maintenant être plus intelligente dans mes choix de dépenses.

Sauf qu’un beau jour, on m’a offert un contrat très payant, avec un de mes deux emplois autonomes, et j’allais recevoir la paye complète en deux chèques. Un au début, un à la fin. J’entends les anges chanter : je vais avoir FULL CASH ! Bon, pas bête la fille, les impôts vont venir en chercher, donc on va déposer une partie dans un compte, mais le reste… 

PARTY TIME !

Dès l’arrivée du premier chèque, j’ai commencé à * flauber *, à gauche à droite, sans trop me stresser. Deuxième chèque, même affaire! À un certain moment, j’ai vu mon compte en banque qui commençait à voir le fond… Mais, chanceuse comme j’étais, j’ai eu un boni de fin d’année inattendue et BOOM la machine est repartie !

Sharon McCutcheon – Unsplash

Achète, achète, achète sans compter…


La fin du conte de fées

Comme la famille Lavigueur, j’ai fini par toucher le fond. Des imprévus sont arrivés et j’ai commencé à réaliser que je n’avais pas vraiment les moyens. Mais, ce n’est pas grave, ça va se régler… Juste à me serrer la ceinture un peu et je vais être correct! Sauf que non…

Ces imprévus n’auraient pas été un problème si j’avais gardé de l’argent de côté, si je n’avais pas dépensé exagérément chaque paye que je recevais.

Alors est arrivé le moment gênant de demander à mes parents d’emprunter de l’argent pour être capable de payer mon loyer. J’ai remboursé la semaine suivante. Puis, quelques semaines après, je suis à une caisse libre-service à l’épicerie et le TPV indique que les fonds sont insuffisants. Appelle maman pour avoir un p’tit 30$ qui sera remboursé dans trois jours. Parce que ma carte de crédit est topée, donc gelée jusqu’à ce que je rembourse un montant minimal.

Quand j’explique ma situation à ma conseillère financière, qu’on a calculé ensemble ce qu’il me restait chaque mois, j’ai compris que je touchais le fond…

Pis je te confirme qu’il est rempli de marde.


Tirer une leçon

Ça fait environ 2 mois que je fonctionne à l’envers de mes habitudes. Je recevais ma paye, je dépensais, et ensuite je croisais les doigts pour qu’il m’en reste assez pour les paiements de loyer, hydro, etc. J’entends les conseillers financiers sacrer, je sais…

C’est effectivement une façon de faire qui équivaut à courir autour d’une piscine avec des ciseaux dans les mains.

Aujourd’hui, j’ai imprimé un tableau qui indique mes paiements mensuels pour savoir combien ça me coûte minimalement chaque mois. Je peux ainsi savoir combien qu’il me reste pour faire mon épicerie, acheter de la litière au chat, me payer une petite sortie, et en mettre de côté (on apprend de ses erreurs, you know!).

Le chemin sera long et pénible, parce qu’en ayant tout dépensé ce que j’avais et qui aurait pu servir de coussin, je dois maintenant vivre au compte-goutte. Je vis aux dépens de chaque paye et je songe sérieusement à changer d’emploi l’an prochain (dans ma situation, ce n’est pas possible en ce moment) ou à trouver un emploi supplémentaire.

Daniel Monteiro – Unsplash

En théorie, j’ai présentement 60$ par mois en moyenne pour faire mon épicerie et tout autre dépense. Je peux te confirmer que lorsqu’on m’offre d’aller au resto, ou prendre une p’tite bière… j’y pense à deux fois. En fait, je ne sors plus et je ne peux plus sortir pour les prochaines semaines, voire mois.

C’est chiant, mais ce sont les conséquences d’avoir abusé par le passé.

Des amis m’ont proposé de m’aider, mais en tant qu’orgueilleuse, je me dis que si je m’étais mise dans cette situation, je devais m’en sortir seule. On m’invite à sortir, de payer mon verre et tout. Mais, je dois l’avouer, ça me gêne énormément.

Toute cette situation est gênante, parce que j’en suis la cause!

Hey, ça en fait des mots à lire hen ! Mais, je souhaite que ceux-ci puissent tirer la sonnette d’alarme pour certaines d’entre vous, afin d’éviter de faire la même erreur. Ce n’est aucunement plaisant de devoir s’asseoir pour calculer tes payes et tes dépenses à venir afin de savoir si tu vas être capable de passer le mois et te permettre une épicerie. Ce l’est encore moins d’avoir toujours ça en tête, d’être stressée au quotidien, et de regretter tes choix d’avant, alors que tout ça aurait pu être évité.

Pis, ne me dis surtout pas d’acheter le livre En as-tu vraiment besoin ?, parce que oui, j’ai besoin de cet argent-là pour m’acheter des toasts pis du beurre d’arachide…

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