Chienne(s), ou quand l’anxiété est présentée sur scène

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Crédit: Dominic Lachance

Qui ne connait personne dans son entourage qui souffre d’anxiété? Saviez-vous que deux fois plus de femmes que d’hommes en souffrent? Les auteures Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent s’y sont intéressées et ont mis en scène une jeune trentenaire qui a la chienne…

mais qui en ignore la raison

Chienne(s), c’est le titre de cette nouvelle pièce présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Le spectateur suit la descente aux enfers de cette jeune femme qui fête son trentième anniversaire et qui, sans raison apparente, sombre de plus en plus, jusqu’à s’enfermer pendant des jours dans son appartement sans répondre au téléphone ni accepter les visites de ses parents et de sa meilleure amie.

La pièce débute alors que la jeune femme se trouve devant une classe d’étudiants pour poser nue. Elle est angoissée, elle ne veut plus. Alors pourquoi avoir accepté? Parce qu’elle n’a pas vécu sa vingtaine comme elle l’aurait souhaité et que La Bohême d’Aznavour lui trotte dans la tête.

« Je vous parle d’un temps Que les moins de vingt ans Ne peuvent pas connaître […] C’est là qu’on s’est connu Moi qui criais famine Et toi qui posais nue »


La peur est partout

Crédit: Dominic Lachance

Courir, avoir les poings crispés prêt à frapper en tout temps. Courir, avoir ses clés entre ses jointures, son cellulaire, le 911 pré-signalé dans ses mains.

À travers la trame narrative, des statistiques nous sont lancées au visage : le nombre de tueries produites dans des cinémas; un théâtre qui s’est effondré en pleine représentation. Comme quoi, nous ne sommes plus en sécurité nulle part.

Quoi faire pour éviter de sombrer?

Sa mère médecin lui suggère de prendre des antidépresseurs, mais la jeune femme réfute cette solution. La pièce critique la surconsommation de médicaments, qui permettent d’apaiser le patient, mais qui ne lui permettent pas de comprendre son état.


À voir ?

Malgré un sujet très actuel et pertinent, la trame narrative se perd avec des histoires dont on se demande pour quelle raison elles ont été ajoutées à l’intrigue. Notamment celle du propriétaire et de son cancer. L’humour de ce personnage rompt avec le ton de la pièce.

La mise en scène, avec ses jeux d’ombres qui projettent sur le mur des couloirs sans possibilité de sortie, métaphorisant la situation de la trentenaire, est fort réussie. Le ruban rouge, ajouté au fur et à mesure de la pièce sur le sol est également une métaphore de son enfermement.

Dans le rôle de la meilleure amie, Larissa Corriveau est excellente. De même que Nathalie Doummar, qui récite de longs monologues avec une telle rapidité! Le reste de la distribution est de bon calibre, mais j’ai quelques bémols pour l’actrice principale, dont le jeu me convainquait beaucoup moins.

Chienne(s) est présentée jusqu’au 7 avril, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui