Allaiter et avorter : oui, c’est possible!

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Photo : teenvogue.com

Allaiter et avorter : comment ça marche? Comment peut-on avorter pendant l’allaitement? C’est une question très courante, angoissante et trop souvent taboue.

Taboue parce que les contraires se côtoient de trop près dans une même question : la maternité et la non-maternité.

Peut-on avorter quand on allaite? La réponse est oui.

Mais attention, pas n’importe comment!


Quel type d’avortement choisir?

Déjà, tu peux laisser faire la prise de substances douteuses pour te faire un avortement maison. Reste donc dans le plus sécuritaire. Ta vie est importante.

Et ne t’inquiète pas, tu n’es pas une mauvaise mère de décider de te faire avorter. You’re the boss!

Une étude de 2010 démontre que l’IVG qui est faite à l’aide du médicament mifepristone est sécuritaire pour la femme qui allaite. Surtout, si la dose de mifepristone (par voie orale) est celle de 200 mg.

Mais, il y a très peu d’études sur le sujet… Ainsi, pour se backer, il faut être claire :

  • Quand vous rencontrez le médecin, dites-lui que vous allaitez et que c’est important pour vous de ne pas compromettre votre allaitement.
  • Au moment de l’intervention, rappelez-lui encore que vous allaitez (au pire vous passez pour une radoteuse, mais au moins c’est clair). Même avec l’aiguille dans le bras, il n’est pas trop tard pour vous faire entendre.
  • Vous pouvez aussi choisir d’avoir moins d’analgésique intraveineux, pour être moins paf. Vous sentirez aussi un peu plus l’effet de succion dans votre ventre. Serrez les dents, ça dure quelques instants seulement. Courage!

Émotivement, c’est difficile par bout

Après l’avortement, j’étais hyper. Je sautais partout. C’était comme si j’avais bu un camion de boissons énergisantes. Et puis, on retombe sur terre. On sent le vide. C’est plaisant et triste à la fois. On se retrouve maître de son corps et sans l’autre. C’est bizarre.

On est femme jusqu’au bout de notre choix.

De retour à la maison, dès que j’ai pu, j’ai allaité ma fille. C’est là que j’ai compris que bébé était vraiment parti : ma fille m’a regardée avec un air sérieux. Ça faisait des semaines qu’elle me disait que j’étais enceinte (je ne lui avais pourtant rien dit!).

Et là, elle venait de goûter à mon lait et m’a dit :

Maman, il est où le bébé dans ton ventre?

Puis, elle a continué à boire. Elle s’est collée.

J’ai braillé d’en dedans. Ma fille avait deviné ça, juste par mon lait. Elle est devenue silencieuse. Le petit frère ou petite sœur qu’elle souhaitait tant n’était plus là. La présence qu’elle ressentait par mon lait était partie.

Aujourd’hui, c’est ce silence-là qui me hante. Je me demande souvent si j’ai fait le bon choix…

La seule chose à faire, maintenant, c’est regarder devant. Et aussi me promettre d’expliquer tout ça à ma fille quand elle sera plus vieille. Pour éviter qu’elle sente une âme qui plane dans un genre de warp zone.


Allaiter pour vivre

Photo Dave Clubb, Unsplash

Si je vous écris ça, c’est parce qu’on ne parle pas assez d’allaitement et d’avortement. L’un n’empêche pas l’autre. Mais, il faut savoir comment ça marche. Et surtout, il faut en parler.

Pourquoi? Parce que c’est dur à vivre le moment où on est mère/non-mère en même temps. Mais, à chaque boire on se rebâtit. Promis.

Alors, soyez patientes et parlez-en