L’état de sidération : l’ennemi juré des victimes d’abus

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Photo Andrew Neel, Unsplash

Je tiens à spécifier que ce qui suit peut être sensible… Alors, respecte tes limites et écoute-toi!

Je vais aborder ce sujet en commençant par la base : la pyramide de Maslow. En résumé, on parle ici d’une théorie de la motivation, qui représente de manière pyramidale la hiérarchie des besoins.

Cette pyramide comprend les besoins :

  • physiologiques
  • de sécurité
  • d’appartenance et d’amour
  • d’estime
  • d’accomplissement de soi

Les quatre premiers sont des besoins essentiels, qui se doivent d’être comblés, au risque de ressentir un profond mal-être (même si bizarrement, tu n’y penses pas quand ils sont comblés). Et le dernier, c’est un peu comme la cerise sur le sundea : ce n’est pas un manque, mais bien un besoin d’évoluer. 

Attardons-nous davantage sur le deuxième besoin, soit celui de sécurité. Il est un peu comme une extension de notre instinct animal, c’est-à-dire se protéger contre toutes menaces et dangers. Dans le contexte de l’être humain, ce besoin est en partie associé à la sécurité d’emplois, la sécurité financière, la sécurité des ressources, la sécurité familiale et aussi la sécurité physique.

C’est ici qu’on entre dans le vif du sujet : la violence, la délinquance et les agressions. Bref, des termes contradictoires à la notion de «sécurité»


Mais que se passe-t-il avec moi?

Photo : Artem Kovalev, Unsplash

Normalement, lorsque tu n’es pas en sécurité, tu subis un stress. Biologiquement, l’amygdale réagit dans le but de survivre et sécrète deux hormones : l’adrénaline et le cortisol, qui te mettent sur le qui-vive afin de te protéger. Souvent, dans un cas d’agression ou de violence, la victime disjoncte et tombe dans un état de sidération. Le corps de la victime ne répond plus à aucun signal de l’amygdale, la victime est déconnectée et prisonnière d’une anesthésie psychique et physique.

On entend peu parler de l’état de sidération, mais il est souvent responsable du sentiment de culpabilité de n’avoir rien fait, d’être restée figée, de ne pas s’être débattue…

La victime, inconsciemment, active les mécanismes de la dissociation et de la mémoire traumatique. La dissociation se résume à l’impression d’être spectatrice de son traumatisme, comme si ce n’est pas elle qui vit la scène. Puis, la mémoire traumatique, elle est émotionnelle, mais n’est pas encodée telle qu’elle devrait l’être par l’hippocampe (structure cérébrale responsable de la mémoire). Ainsi, les souvenirs de cette mémoire sont hypersensibles. Nous pouvons d’ailleurs la comparer à une bombe à retardement, puisqu’une explosion risque de se produire au moindre événement qui rappelle à la victime des traumatismes vécus dans le passé.

La dépersonnalisation, le détachement de sa propre identité, et la sensation que les choses sont floues est également un mécanisme de protection très courant auprès des victimes d’agressions et de violence.


Le chemin de la guérison

Photo Geran De Klerk, Unsplash

Les éléments énumérés précédemment compliquent souvent la tâche des victimes, lorsque vient le temps de déposer une plainte auprès des autorités policières. Il y a des incohérences et même des contradictions dans le récit de la victime, qui peuvent jouer un rôle défavorable dans la conviction de la preuve.

Pourtant, l’acte a bel et bien été commis, et il est important de le dénoncer, car il doit être puni!

Malencontreusement, en procédures judiciaires, ces incohérences peuvent nuire à la victime, qui subit alors une deuxième victimisation, car elle a de la difficulté à se faire entendre et à se faire croire dans sa dénonciation.

Mais heureusement, la société a fait de grands progrès dernièrement avec le mouvement social #metoo. La prise de parole par les femmes nous fait réaliser que les agressions physiques et sexuelles sont plus fréquentes qu’on ne puisse le penser, et elle permet aux victimes de raconter leur histoire, de s’exprimer sur le sujet.

Le mouvement #metoo a aussi permis de renseigner, de sensibiliser la population sur cette réalité.

Alors, si tu es victime de violence physique ou sexuelle, sache que tu n’es pas seule. Et je t’encourage fortement à t’engager sur le chemin de la guérison, quel qu’il soit, car…

Cette blessure que tu gardes doit être soignée, pour finir par cicatriser…