Une épave de baleine, échouée pathétiquement sur le divan, ayant pour seul but de trouver le courage de se lever pour cuisiner son repas 5 étoiles préféré : macaroni au fromage à la Kraft Dinner, sur un lit de jus de tomate en cacanne.
C’est l’image qui me revient automatiquement, lorsque je me rappelle les premiers mois de ma première grossesse. Je me sentais moche, lourde, dépressive. Et pourtant, j’étais heureuse d’attendre mon premier enfant… jusqu’à ce que les hormones me frappent aussi fort que le ballon pendant une partie de ballon chasseur à l’école primaire.
Chaque grossesse est différente et c’est aussi vrai que si je te dis qu’on va mourir un jour : Vrai et déstabilisant.
Pour mon premier morveux, j’étais épuisée et bipolaire modérée. Pour la crevette qui grandit en moi en ce moment, je suis moins fatiguée (et là, je parle d’une endurance qui se limite à 19h, mais c’est toujours mieux que de se faire réveiller au travail, alors que je m’étais assoupi en petite boule sur la sécheuse du staff, à 14h…).
Par contre, je pense avoir battu le Record Guinness de la bipolarité symptomatique. AYOYE! Je pense même que mon chum aurait pu facilement porter plainte pour trouble de la paix conjugale.
Sex and the bourrelets
La chose qui n’a pas changé, par contre, tant pour Éliott que pour la crevette, c’est de voir mon corps évoluer et d’essayer de me trouver belle, entre les kilos en trop et les émotions partagées.
D’une part, tu vois ton ventre s’arrondir et tout le monde te trouve magnifique. De l’autre, tu appréhendes le post-partum et tu essaies tant bien que mal de trouver des habits qui te mettent en valeur, sans avoir l’air vulgaire ou matante, à des prix ridiculement chers.
Résultat, t’achètes le strict minimum et t’essaies d’améliorer tant bien que mal tes talents de styliste, en exagérant les accessoires ou le rouge à lèvres.
Tu vas sûrement essayer les talons hauts pour retrouver le peu de sex-appeal qui est caché quelque part entre ta pédicure négligée par manque de flexibilité, la forêt vierge qui a élu domicile en guise de partie intime et les vergetures qui commencent à s’imposer sur ton ventre et tes seins… comme si ce n’était pas assez!
Sauf que pour revenir aux chaussures, tu te rendras rapidement compte que les talons aiguilles n’ont visiblement pas été créés pour le confort de la rétention d’eau. J’envie déraisonnablement ces déesses qui semblent avoir été mises au monde pour créer, le 1% de femmes qui font chier toutes ces autres femmes par la beauté et la confiance qu’elles dégagent enceinte. Elles pourraient perdre les eaux en pleins milieux de la rue, se mettre à pousser par la même occasion en lâchant un gaz disgracieux qu’elles trouveraient le moyen de nous donner le goût de tomber encore enceinte… si ce n’était pas déjà le cas.
Attends, moi j’ai des poils qui poussent à des endroits que je croyais imberbes, j’ai clairement une taille de plus de bonnet d’un bord que l’autre et la seule façon que mes hormones ont trouvé pour me faire payer de ne pas avoir de craving de bouffe ou de nausées, c’est de me faire pousser des furoncles un peu partout, spécialement sur les fesses!
Même si j’essaie vraiment fort de me concentrer sur les beaux côtés de la grossesse, parce qu’évidemment et malgré tout, ça reste la plus belle aventure d’une vie de femme, il y a quelque chose que difficile dans le processus de s’aimer à travers tout ses changements physiques.
Relax, Max
Je pense qu’il faut, à un certain moment, lâcher prise sur notre image. Quand je vois une future mère, je la trouve magnifique. Peu importe son apparence, son corps, elle est éblouissante. Et pourtant, elle doit se sentir comme moi.
Alors, pourquoi je n’arriverais pas à banaliser les défauts temporaires et juste accepter lorsqu’on me complimente?
Parce qu’une chose est sûre, personne n’est obligé de dire que tu es belle, ils le font simplement parce qu’ils le pensent sincèrement!
Je suis en train de créer la vie, je devrais profiter de la chance que j’ai. Tant de femmes donneraient n’importe quoi pour avoir mes vergetures, mes bourrelets… J’aurai pleinement le temps, dans 9 mois ou presque, de procrastiner le gym, en chialant sur mes 40 livres en trop, trouvant des excuses faciles pour manquer ma séance de cardio du lendemain. Alors, aussi bien profiter de ce qui m’a été donné… C’est ce que j’ai l’intention de répondre à mon médecin, lorsqu’elle me dira, lors de mon prochain rendez-vous,
« Sophie, la balance me dit que tu n’as pas ralenti le macaroni au fromage comme je te l’ai conseillé la dernière fois… »
La suite… jeudi prochain!
Psssit! Voici les liens pour lire (ou relire) l’Épisode 1, l’Épisode 2 et l’Épisode 3