Lorsque j’étais gosse et que mes parents me grondaient, parce que j’avais fait une bêtise ou que je boudais pour ne pas ranger ma chambre mon fouillis, ils me répétaient toujours la même chose.
Un jour, tu comprendras. Un jour, tu nous remercieras!
Pfff ! Vous comprendrez bien qu’à cet âge-là, les « sages » paroles des mes figures d’autorités parentales me rentraient dans une oreille aussi vite qu’elles ressortaient par l’autre.
Ça me passait dix pieds par dessus la tête!
À l’adolescence, en pleine quête identitaire, inutile de vous dire l’effet que ces mots avaient sur ma p’tite personne qui croyait tout savoir de la vie. Je bouillais de rage. J’étais insultée noir. Mes parents avaient dont « pas rapport ».
Méthode d’éducation
Encore aujourd’hui, je ne sais pas si c’était une façon de me clouer le bec et d’en finir avec mes arguments à deux piasses. Ou peut-être était-ce parce que les mots leurs manquaient à ce moment précis. Ou alors, il s’agissait peut-être d’une forme d’espoir, d’un investissement à long terme.
Un jour, elle va comprendre et elle va nous remercier…
mais Je n’avais pas compris que…
…de laver une foutue bol de toilette chaque jeudi soir, en rentrant de l’école, serait bien pratique lorsque j’aurais mon premier chez moi.
…de rentrer à l’heure imposée par le couvre-feu allait m’inculquer l’importance de la ponctualité à mon travail.
…d’être polie avec les gens serait la clé vers le respect que les autres m’accorderaient.
…de devoir partager mon p’tit sac de bonbons à une cent avec mon frère m’apporterait autant de plaisir à donner qu’à recevoir.
…de faire des p’tites commissions et quelques tâches en échange d’un fabuleux cinq dollars m’apprendrait la valeur de l’argent.
…d’être obligé de faire mes devoirs de math m’ouvrirait des portes sur la gestion d’une entreprise.
…d’aider mes parents dans l’entretien de la maison familiale me ferait prendre conscience de l’importance de prendre soin de ce que l’on a.
…de mettre des efforts et d’investir mon énergie aux bonnes places me permettrait d’établir de bonnes priorités futures.
Chère Maman, Cher Papa…
Je pourrais continuer encore et encore à vous énumérez tout ce que je n’avais pas compris. Bon Dieu que vous deviez être découragés!
Vous avez investi dans mon éducation, comme un actionnaire investi pour faire fructifier son argent, sans trop savoir ce que ça va donner. À l’exception que votre objectif à vous était de me faire fructifier, MOI, votre fille.
Je peux vous affirmer ceci : ce jour est arrivé!
Si la personne que je suis devenue aujourd’hui était une action à la bourse, votre compte en banque compterait généreusement dans les six chiffres.
Aujourd’hui je comprend, aujourd’hui je vous remercie!