La théorie du crayon Bic… en amour

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Pérennité : état de ce qui dure longtemps, éternellement

Dans quelques années, la définition de ce mot sera : état de ce qui durAIT longtemps, éternellement…


L’heure est au jetable. On garde nos cellulaires en moyenne deux ans. On veut toujours la nouvelle version, les nouvelles fonctionnalités, le neuf, le reluisant, le tout beau. On ne veut pas de plis, pas de signes d’usure. Quand ça arrive, vite, on va au magasin pour choisir la meilleure version de la meilleure version.

L’heure est au jetable. Dans nos relations aussi.

Quand on va sur Tinder, on veut quelqu’un, on le veut maintenant. Quelques messages ici et là, et le tour est joué.

Et si on ne veut plus rien savoir d’un «match», on le jette dans l’univers des «tout seuls».


Changer de crayon…

Les relations aussi deviennent obsolètes. Les relations sont comme les crayons Bic.

Quand j’arrive au travail, j’utilise un crayon Bic qui «marche» bien. Je l’apprécie, je le chéris, je lui suis fidèle tout au long de la journée.

Le lendemain, j’espère qu’il sera à nouveau là.

Après quelques jours, il montre des signes agaçants. L’encre est moins fluide. Je dois le «shaker» de temps à autre. Je me tanne, mais je n’ose pas le jeter.

Je le laisse donc de côté et j’en choisis un autre qui traîne parce qu’il y a toujours un crayon Bic disponible quelque part.

Parfois, j’en prends un sur le bureau d’un collègue. Je sais qu’il finira par en trouver un autre….

Et celui que je n’ai pas jeté ?

Il servira bien à quelqu’un d’autre d’un peu plus patient que moi.


Tourbillon de choix

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Tinder nous offre cet océan de possibilités. Cette impression qu’il y a un meilleur match qui nous attend. On est à un «swipe» de trouver mieux. De mettre la main sur ce crayon qui ne manquera pas d’encre.

Ce qu’on ne réalise pas, c’est qu’au fond, on a besoin d’un crayon de plomb. Un crayon qui s’use, qui change au fil du temps, qui épouse nos mouvements. Un crayon qu’on peut aiguiser afin de lui faire retrouver de sa superbe forme.

Au lieu de ça, on cherche le meilleur «crayon Bic» qui, pourtant, ne durera pas très longtemps.

On «ghoste», on arrête la non-relation. On tombe à moitié amoureux. Ça se termine et ça recommence. On repasse à GO sans récolter son dû.

On accumule des fréquentations, des plans culs, des fuckfriends, des gens qu’on garde au cas où.

Swiper à gauche, à gauche, puis à droite. Au travail, dans l’autobus, au bar, même aux toilettes.

Au bout de quelques semaines, la même monotonie refait surface.

Chaque jour, Bic vend en moyenne 46 millions de produits dans le monde, soit 530 unités par seconde.

Chaque jour, des millions de non-relations se terminent…

Chaque jour, des centaines de personnes sont supprimées d’un réseau Facebook, Tinder, Happn, OkCupid et renvoyées dans la poubelle de nos amis virtuels.

Tout est jetable.

La pérennité est bel et bien en voie d’extinction