« Je n’ai pas envie d’accoucher seule »

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Je dois l’avouer, je n’avais pas prévu parler de ma réalité avec transparence jusqu’à tout dernièrement. Ce qu’on vit à l’échelle mondiale est épouvantable, et bien que je sois fière d’être Québécoise en ce moment, à voir comment les gens ici se comportent depuis le tout début, j’ai une pointe de soulagement en pensant qu’on sera peut-être parmi les endroits les moins catastrophiques au monde.

On le souhaite, du moins.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à souligner que mes parents et mes beaux-parents sont tous les quatre âgés de plus de 70 ans, et que j’angoisse profondément depuis le début de la pandémie en pensant à eux. Je les appelle chaque jour afin de m’assurer qu’ils ne sortent pas de la maison (ce qu’ils font).

Je suis aussi travailleuse autonome et j’ai vu, comme plusieurs, mes revenus s’envoler au cours des dernières semaines. J’ai un petit être dans mon ventre et j’ignore dans quelle situation financière il ou elle naîtra. Et ça, ça me stresse aussi au plus haut point.

J’ai une pensée pour tous les entrepreneurs qui voient en ce moment leur rêve, leur gagne-pain, disparaître devant leurs yeux.

Le monde est incertain, mais on se réveille chaque jour en se répétant que ça va bien aller…


Inhumain

Photo Andrea Bertozzini, Unsplash

Mais il y a une raison pour laquelle je suis assise devant mon ordinateur par un beau dimanche matin, en train d’écrire ceci. Hier soir, j’ai partagé une pétition via mon compte instagram afin de permettre à toutes les femmes enceintes d’avoir au moins leur conjoint(e) à leurs côtés le jour de leur accouchement.

Si vous ne l’avez pas vu passer, il y a un hôpital de Montréal qui a interdit que toute femme enceinte ait droit d’être accompagnée pour leur accouchement, jusqu’à ce que la crise se résorbe.

À ma grande surprise, j’ai reçu un commentaire qui m’a glacé le sang, me signifiant que la pandémie n’avait rien à voir avec moi, et que cette décision faisait du sens. Bien que je comprenne d’où viennent les motifs qui sont derrière cette décision, laissez-moi vous rappeler ce que les femmes enceintes vivent présentement.

Au-delà des voyages annulés, des rencontres familiales qui n’auront pas lieu, de l’angoisse et de l’anxiété reliée au fait qu’on doive demeurer entre quatre murs – sans parler des revenus qui descendent en flèche à cause de pertes d’emploi –, il y a des femmes qui vivent en ce moment un stress supplémentaire, soit celui d’être enceinte.

Depuis plusieurs semaines déjà, elles ont dû accepter le fait qu’elles se rendraient seules à l’hôpital pour tous leurs rendez-vous de suivis, incluant les échographies, auxquelles les futurs papas ne peuvent plus assister. Elles doivent accepter le fait qu’elles ne peuvent serrer leur maman dans leurs bras, qu’elles doivent vivre leur grossesse seules, loin de leurs proches, et elles angoissent quant à l’idée d’attraper ce fichu virus, car on ne sait pas vraiment ce que cela peut avoir comme conséquences sur le bébé.

Un stress supplémentaire, c’est ça.

L’idée de vivre ce qui est possiblement l’une des expériences les plus difficiles dans la vie d’une femme sans personne pour les supporter à leurs côtés me dépasse au plus haut point. C’est inhumain! Et si on mise depuis le début de cette pandémie sur la santé mentale de tout un chacun, je vous épargne les conséquences de cette décision sur la santé mentale des femmes qui doivent accoucher seules.

Je préfère voir l’armée sortir dans les rues et s’assurer que les gens cessent de se regrouper dans les parcs comme si la vie était normale, je préfère vivre une vraie quarantaine stricte avec une seule sortie hebdomadaire comme plusieurs pays le font, je préfère que des mesures plus extrêmes soient prises une fois pour toutes…

…que de voir ceci arriver.


Solidarité

Photo Tim Marshall, Unsplash

J’ai pourtant vu un élan de solidarité se créer autour de cette pétition, et j’ai vu beaucoup de mamans partager le tout en pensant à nous, les futures mamans. Je sais que ce sujet ne touche pas tout le monde en ce moment, j’en suis très consciente, mais de grâce, si votre opinion diffère de la mienne, je vous suggère de la garder pour vous!

Je termine aussi en mentionnant que l’état de New York a été le premier à bannir les conjoint(e)s lors des accouchements, mais que cette loi n’a tenu que quelques jours.

Alors, à toutes les femmes enceintes qui me lisent en ce moment, je pense à vous…

Ça va bien aller.