On m’avait prévenue.
Profites-en ! Ça passe vite ! T’auras même pas le temps d’accoucher que demain, tu devras refaire face à la réalité !
Je les ai toutes entendu, ces phrases. Chaque fois, je me suis dit que j’avais en masse de temps. Il me reste trois saisons… Les vacances d’été… Les fêtes… Mais je me suis fait avoir! Ils avaient tous raison.
Au pointage : temps 1 / moi 0
Disons que j’ai allumé ma switch quand j’ai réalisé que le grand décompte du trente jours venait de commencer. Outch ! Mon coeur a fait un flip en dedans. Trente jours… Je venais d’en flamber plus de deux cents, sans même m’en rendre compte.
C’est à ce moment-là que la frousse m’a agrippé par le collet avec sa grande chum, l’appréhension, et m’a déposé dans les bras de leur rejeton : le doute.
À la hauteur
Mon coeur, j’espère avoir été à la hauteur. La hauteur que j’avais tapissée de ouate jusqu’au ciel, pour te permettre de t’installer dans ta petite vie, dans notre petite vie.
J’espère que j’ai réussi à bien te « starter », comme on dit. La peur me guette que demain, tu me rejettes, car la porte du grand chemin s’est ouverte…
Il y a un mois tu as franchi la tienne : celle de la garderie. Et tu m’impressionnes tous les jours. Tu me donnes le courage de foncer. Aujourd’hui, c’est à mon tour.
Je devrai te laisser derrière, chaque matin, dans des bras qui ne sont pas les miens et foncer travailler pour gagner des sous.
J’espère que tu ne m’en voudras pas.
J’espère que tu m’aimeras quand même.
Sache que ma motivation sera de te retrouver chaque soir
Durant ces trente derniers jours, la conscience est venue me rendre visite quelques fois. Bon! Elle était déjà venue faire son tour avant, mais disons qu’elle s’est pointé le bout du nez sans invitation plus souvent au cours des derniers jours.
Comme à l’habitude, on s’est assises et on a discuté, on a même bu un café ! Elle m’a fait comprendre l’importance d’une chose, qui est parvenue à essuyer mes quelques larmes et à câliner mon coeur :
Ce n’est pas le temps lui-même qui importe, mais la qualité qu’on lui accorde
Promesse de maman
Alors voici ma promesse, mon bébé. Ma promesse de maman (ça c’est précieux!) : je ferai en sorte de cueillir tous mes petits moments libres pour les partager avec toi et en faire ce qui te plait. Oui oui! Même ceux où ma patience aura découché la veille…
Promis, juré, craché!
Je veux que tu saches, parce que tu ne t’en souviendras pas une fois grand, que nous avons passé de beaux et doux moments, toi et moi. On s’est fait rire, on a pleuré, on a appris à se connaitre, mais on s’est surtout aimé.
Parce que oui, même si tu ne parles pas encore, tes petits yeux parlent pour toi.
Les étoiles qui s’illuminent quand je franchis la porte de la garderie pour venir te chercher sont le plus beau des « je t’aime ».
Finalement, j’me dis que j’ai peut-être réussi. On est prêts. Prêts à affronter cette belle vie qu’on s’est construite, alors…
Que la grande porte s’ouvre!