Je remarque que les prises de conscience augmentent en vieillissant. Je comprends certaines choses de mon passé que je ne comprenais pas auparavant (ou plutôt, je ne m’y étais jamais vraiment attardé avant).
Je n’avais jamais mis ma vie sur pause pour essayer de décoder certains événements du passé, dont mes crises d’angoisse… J’ai dû apprendre à détecter d’où venaient ces crises incontrôlables.
d’ailleurs, Encore aujourd’hui, je ne comprend pas tout…
Ces crises sont tapies en notre être. Elles ne se dirigent vers personne, ne se voient pas et personne ne les ressent avec nous. Bref, nous sommes prisonniers de notre corps et tout se passe au niveau du cœur et de la tête.
Pourquoi le cœur?
Parce qu’il cogne dans la poitrine à une vitesse fulgurante. En images, c’est comme s’il y avait un lion qui rugissait dans notre cage thoracique.
Pourquoi la tête?
Parce qu’elle cesse de capter à peu près tout ce qui se passe aux abords: la mémoire flanche et plus rien n’est enregistré. Tu es là de corps, mais ton esprit vagabonde rapidement sur tes angoisses. Le pire est aveuglément la seule solution envisageable.
Il ne s’agit pas de gouverner des situations plutôt stressantes comme un examen à l’université ou une entrevue pour un emploi important. Il s’agit souvent d’événements banals comme annoncer une nouvelle à ses parents et à ses amis.
Sans entrer dans les détails de ma jeunesse – parce qu’à l’époque, c’était plutôt des crises de panique que des crises d’angoisse –, avec le temps, les crises d’angoisse sporadiques ont surgit.
Les crises d’angoisse
Ma plus grosse crise d’angoisse s’est manifestée à l’âge de 27 ans. Ce fut un mois et demi sans manger (ou presque), un mois et demi sans dormir (ou presque). J’étais prise dans un engrenage, une roue qui tourne à l’infini, et je ne savais pas comment l’arrêter.
J’ai eu la chance d’avoir auprès de moi ma sage mère, mon fort papa et mes merveilleux amis. C’est à ce moment que j’ai appris à mieux comprendre mes crises, mais jamais à mieux les contrôler. Parce qu’elles sont souvent incontrôlables. Le mot que j’utiliserais est : gérer.
Aujourd’hui, je gère mieux mon angoisse, la rendant presque invisible aux yeux des autres.
Une deuxième crise d’angoisse est surgie dernièrement. Une semaine. Une semaine à ne presque pas manger, à me réveiller, prise par des doutes profonds, par des images qui présageaient le pire. Dans cette situation, je me dis toujours : mieux vaut prévoir le coup et s’attendre au pire que de s’émerveiller trop rapidement.
Moi qui est habituellement la personne la plus émerveillée par tutti quanti, remplie «d’heureusité» à bon escient, qui prône le positivisme à toute allure, à toutes les sauces, qui croit très fort en la notion du destin et qui croit très fort au karma.
Quand une crise survient, ces notions ne sont plus qu’ombre et poussières l’instant d’un moment.
Pour y faire face…
À travers ces événements, j’ai découvert la méditation: se vider de ses pensées, prendre conscience de qui nous sommes réellement.
Parce que la plupart du temps, nous sommes emportés par nos pensées, nos émotions… La méditation nous aide à devenir un observateur de ce dont nous avons en nous.
À travers ces événements, j’ai appris la respiration. Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai géré plusieurs moments de ma vie en ne faisant que respirer ! Parce qu’il faut garder en tête que le souffle est le miroir de nos émotions.
La main sur le ventre, j’inspire sur quatre temps en gonflant mon abdomen, retenant cette inspiration trois secondes et expirant en quatre temps également. Je fait la répétition une douzaine de fois pour sentir l’effet bénéfique sur l’angoisse.
À travers ces événements du passé, j’ai appris à écrire. Quand l’angoisse est plus forte que tout, j’écris. Des écrits qui ne sont pas gardés, des écrits qui se résument à de la poésie. Parce que l’écriture est l’âme de ma folie, elle fait tressaillir mes doigts, ma plume, mon corps, elle est l’espoir d’un sourire, l’essence dans ma vie. Initiatrice d’énergie, de sérénité, elle est ma douce métaphore.
L’écriture est l’essence de mon existence.
Et ces crises sont devenues de moins en moins récurrentes. Quand elles se présentent, je les vois arriver à milles lieux. Je ne les comprends pas encore parfaitement, parce que c’est souvent infondé et illogique, mais c’est en travaillant sur soi-même qu’on arrive à de grandes choses, de meilleures réalités, qu’on arrive à être un peu plus sage. C’est en comprenant nos propres réactions qu’on arrive à mieux se saisir, parce qu’il s’agit du travail d’une vie.