Saviez-vous que le syndrome d’Asperger est la plus intelligente forme d’autisme?

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1990

 

Le mois d’avril est le mois de l’autisme, ce trouble neurologique que l’on nomme précisément le trouble du spectre de l’autisme ou TSA.

Plusieurs sources d’informations nous renseignent sur le sujet. Elles parlent davantage des formes d’autisme plus profondes, qui peuvent être caractérisées, en termes de limites par :

  • une absence totale ou partielle de communication avec l’entourage,
  • une déficience intellectuelle légère à profonde,
  • des rigidités comportementales à l’extrême, qui génèrent de nombreuses crises,
  • des retards moteurs,
  • de l’hyperactivité,
  • une hypersensibilité sensorielle,
  • des troubles de l’attention.

Le syndrome d’Asperger, nommée ainsi avant la parution du dernier DSM 5, est la plus intelligente forme d’autisme sur le plan émotionnel. Il est beaucoup moins connu de la population en générale. Et pourtant, de plus en plus de cas sont diagnostiqués chaque année.

Grâce à mon métier d’éducatrice spécialisée, j’ai découvert ce trouble neurologique et j’ai développé une spécialisation d’intervention auprès de cette clientèle fort attachante.


Avec mon regard d’intervenante

À noter que dans mes exemples, j’utilise des noms fictifs et que chaque personnalité autiste présente des caractéristiques différentes

Lorsque des élèves me demandent pourquoi Nathaniel a de drôles de réactions, malgré le fait qu’il ne présente aucune différence physique, je leur réponds que nous avons chacun nos différences non-visibles, dans nos forces et dans nos limites.

Nathaniel possède des talents qu’eux n’ont peut-être pas, comme mémoriser un très grand nombre de statistiques, de dates et de données mathématiques.

En contrepartie, il a de la difficulté à entrer en contact avec les autres et à socialiser selon nos propres règles.


Tout apprendre

Je leur demande ensuite de s’imaginer dans un autre pays, comme l’Inde. S’ils se retrouvaient là-bas, ils devraient s’adapter aux us et coutumes des gens. Ils devraient apprendre une nouvelle langue, manger différemment, porter des vêtements en fonction du climat et de leur religion, s’intéresser à leur histoire…

Nathaniel, lui, c’est comme un Indien qui apprend à vivre au Québec !

Il doit tout apprendre de nous et il a besoin de notre aide pour le faire. En comprenant ce principe d’intervention, mes élèves sont plus attentifs et sensibles aux limites de leur confrère autiste.

Si ce dernier fait preuve de rigidité versus certaines consignes et s’impatiente, ils le rassurent et lui expliquent pourquoi les règles ont été établies ainsi. Lorsqu’ils entrent en relation avec lui, ils évitent de le toucher et l’adressent calmement. Ils prennent également le temps d’échanger avec lui lorsque ses perceptions diffèrent des leurs, car Nathaniel aborde souvent les situations au premier niveau. Il ne comprend pas toujours les sous-entendus.

Par exemple, parce qu’un élève avait taquiné Nathaniel pour le complimenter et le faire rire, un adulte lui a répondu :

Celui qui aime bien châtie bien!

Dans la même journée, Nathaniel a pris l’expression aux mots et a frappé un élève pour lui démontrer qu’il l’aimait bien…

Dans cette situation, un intervenant extérieur aurait certainement puni Nathaniel. Nous avons plutôt repris la véritable signification du discours et construit un scénario social, lui expliquant qu’il devait toujours valider sa compréhension des mots avant d’agir.


De vrais petits génies !

Hans Asperger, psychiatre autrichien, le premier à avoir identifié ce syndrome, a mis sur pied une institution thérapeutique qui privilégie la relation affective dans son approche. Le fait d’établir un lien significatif avec les Asperger favorise l’apprentissage plus rapide des scénarios sociaux, leur permettant ainsi de mieux s’intégrer à la société.

De plus, cela leur permet d’accroître leurs forces, car non seulement ils développent davantage leur intelligence émotionnelle, mais on met l’emphase sur leurs intérêts et leurs talents naturels pour les déployer au maximum.

Reconnaissez-vous ces célébrités ? Elles proviennent toutes de milieux professionnels différents, mais elles ont toutes en commun le fait d’être Asperger. Steve Jobs, le fondateur d’Apple, Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook et Bill Gates, le fondateur de Microsoft, le sont aussi, selon leurs dires.


Favoriser leur intégration

Il faudra encore faire preuve de beaucoup d’ouverture pour favoriser leur intégration dans notre société. Je côtoie, malheureusement, de nombreux parents et jeunes adolescents qui ne sont pas sensibilisés à la différence et au fait qu’éduquer un enfant autisme relève de l’exploit.

Il faut être foutrement patient et constant dans nos interventions pour voir une évolution !

Chez les Asperger, on constate cette évolution plus rapidement, mais il n’en demeure pas moins qu’elle serait encore plus rapide si la population leur donnait la chance de s’exprimer et les considérait dans tout ce qu’ils sont et peuvent accomplir.

Récemment, la Fondation Véro et Louis lançait sa nouvelle campagne « Différent comme toi », dans le but d’amasser des fonds pour offrir un milieu de vie stimulant et sécuritaire pour les adultes autistes âgés de 21 ans et plus.

Pour contribuer, il suffit de vous procurer un t-shirt au coût de 25 $ en cliquant sur le lien suivant : La fondation Véro et Louis

Le monde de Benjamin, qui met en vedette Benjamin Gratton, le fils autiste de Patricia Paquin et Mathieu Gratton, sensibilise également la population à l’autisme en publiant des vidéos du quotidien de Benjamin.

Autisme Québec contribue également à faire connaître l’autisme, à la défense des droits des personnes autistes et à la naissance de services spécialisés.


Je vous laisse donc sur cette note humoristique. Je dis à Nathaniel :

Soigne bien ton écriture.

Il me répond :

Mais, Madame Caroline, mon écriture n’est pas malade !