J’suis arrivée ici comme arrive quelqu’un qui vient de vivre un traumatisme et qui est sur le bord de mourir: dévastée et criant à l’aide!
Quand ma meilleure amie et moi avons planifié cette fin de semaine, environ un mois avant, jamais je n’aurais imaginé que j’aurais autant besoin de ce moment de répit au chalet!
À ce moment-là, l’anxiété me paralysait.
Toucher le fond n’est même pas le bon terme tellement j’étais rendue loin dans ma tête, dans mes peurs. Je ne me reconnaissais plus et c’était bin dur pour les autres de me reconnaître aussi.
Je ne savais plus quoi faire, à quoi penser pour me sentir un brin mieux avec moi-même. J’me répétais sans cesse que c’était juste une passe, que ce n’était pas le début d’un ACV qui commençait à se faire sentir, mais bien les signes de l’anxiété qui se pointaient (encore une fois…) le bout du nez.
J’avais beau essayer de me rassurer, mais j’avais l’impression que ça faisait juste empirer. Les douleurs à la poitrine étaient de plus en plus grosses. Je ne sentais plus mes bras. Ça me faisait tellement mal quand je respirais que j’étais sûre, chaque fois, que c’était mon dernier souffle. Quand ça arrive pendant quelques minutes, ça fait peur. Mais là, ça faisait une semaine et ça ne partait pas. Même pas une petite pause.
Elle n’avait aucune pitié pour moi, cette foutue anxiété!
Je n’étais plus là… Physiquement, oui. Mentalement, non. L’anxiété avait pris le dessus sur moi.
Prendre du recul
J’me suis rendue au point où j’ai dû prendre une petite pause du travail. Ma boss et mes amies ont fait ce choix pour moi. Les personnes que j’aime (vraiment-beaucoup-à-la-folie) avaient décidé que la seule chose qu’il restait à faire pour que j’aille mieux, c’était de prendre du temps pour moi, de prendre du recul.
Pis tu sais quoi? Ç’a été la meilleure chose qui me soit arrivée!
Les premières journées filent, ça roule dans ma tête. Le petit hamster fait du cardio en siboulot! Enfin, c’est vendredi soir, on embarque dans l’auto et on commence à rouler vers le chalet. J’sais pas trop comment j’me sens. J’suis excitée, j’ai peur, j’suis impatiente et effrayée d’être loin de tout le monde. Et si l’anxiété m’emporte pour de vrai, cette fois-ci…
Dans l’fond d’un bois, pas d’hôpital proche, qu’est-ce que je vais faire? Mourir, c’est sûr. Et ça repart…
Après 3h de route, ça y est, on arrive! La famille un-peu-trop-parfaite de mon amie qui nous accueille avec le gros feu de camps pis les becs et qui me promet déjà que tout va bien aller.
Pis ça sent bon.
Pis c’est réconfortant.
Profiter du moment présent
À ce moment précis, j’ai compris une chose qui va en changer plusieurs : profiter du moment présent est la seule chose qui puisse me sauver de mon anxiété.
Apprécier la chaleur du feu de camps et son odeur tellement vivifiante.
Partir au large, en ponton, avec de la musique, de l’alcool pis des gens tellement cool.
Apprécier les belles montagnes qui rendent le paysage magnifique et mystérieux.
Aller faire du 4-Roues pour se rendre au sommet de la montagne et contempler LA plus belle vue de Notre-Dame-de-Pontmain. Mes cheveux s’emmêlent dans le vent et se décoiffent à cause du casque. Mais tu sais quoi? J’aime ça. Le vent est doux. Ça sent bon.
Apprécier d’enfin sentir autre chose que d’la peur et d’la douleur.
Chanter en gang, autour d’une guitare. M’improviser joueuse d’harmonica et être vraiment poche, mais trouver ça bin cool quand même.
Aller pêcher pour la première fois et être fière de lancer ma ligne à l’eau sans avoir blessé quelqu’un (c’était une de mes 1001 craintes…)
Nourrir les petits Suisses trop mignons sur le balcon et être excitée comme une enfant.
Aller boire mon café sur le quai, le matin, en appréciant le silence.
Bref, être reconnaissante.
Lâcher prise
Durant ce weekend-là, le terme « lâcher prise » a pris tout son sens. Pis ç’a été une tellement belle réussite pour la fille-femme-en-devenir que je suis, pour la fille-fleur qui vit de l’anxiété 24h/24.
Ça veut donc dire que toi aussi, tu peux le faire : lâcher prise!
J’te jure, une chance que cette fin de semaine-là a eu lieu. Parce que même aujourd’hui, quand j’y repense, j’me demande comment j’aurais fait pour passer au travers des émotions-en-montagnes-russes que je vivais…
J’étais effrayée.
J’pense fort fort fort que la solution miracle est celle-ci : s’arrêter, focuser sur les petits bonheurs légers que la vie nous apporte et les vivre pleinement. Bref, profiter du moment présent!
Après tout, tu es la seule personne responsable de ton bonheur.
Merci, petit chalet de Notre-Dame-De-Pontmain. Ç’a été miraculeux pour moi de me sentir, enfin, revivre. Les dernières semaines, je ne faisais que survivre et pour vrai… ç’a paru une éternité!
Mais aujourd’hui, je vis pleinement.