Tant qu’on n’a pas vécu le racisme, on ne peut pas comprendre. On s’imagine l’impact que ça peut avoir, on suppose que ce doit être frustrant, choquant, déprimant, mais ces sentiments nous sont inconnus, à nous, les blancs.
Loin de moi l’idée de dire que je comprends ce que les gens de couleur vivent encore aujourd’hui (parce que oui, le problème persiste), mais je dois avouer que je comprends un peu mieux cette réalité depuis que je partage ma vie avec un Québécois (oui oui, il est né au Québec comme moi)… d’origine nigérienne.
L’idée de ce texte m’est venue après avoir vu le désarroi dans les yeux de mon homme lorsqu’il a lu l’article publié dans le Journal de Montréal concernant le changement de nom des 11 lieux publics québécois contenant le « N word».
L’initiative est louable, certes, mais mon pauvre chum était bouche bée à l’idée d’apprendre 1- l’existence de ces lieux, 2- que ces noms offensants n’avaient pas été changés avant aujourd’hui. En plus, c’est en raison des plaintes de touristes américains que la loi est passée, car les Québécois, eux, ne semblaient point importunés par une telle toponymie… Misère!
Bref, aujourd’hui, je tiens à vous partager mon expérience personnelle avec le racisme, ma découverte d’une réalité à cent mille lieux de la mienne, mais qui me touche par la bande.
Trois ans déjà…
Trois ans déjà que j’ai la chance d’être en couple avec mon amoureux (en fait, trois ans en décembre pour être plus précise). Trois ans qui ont ouvert mes horizons sur une autre culture bien différente de la mienne, mais ô combien accueillante et pleine de bonne volonté.
Je dois avouer que ce fut un choc culturel au début, en raison de leur façon de voir la vie, les relations amoureuses, familiales, et ce, sans parler de la nourriture… J’ai d’ailleurs encore de la difficulté avec certains plats typiquement nigériens. Mais jamais au grand jamais je ne me suis sentie « différente ». Ils m’ont accueillie à bras ouverts, ne m’ont jamais jugée ni posé de questions discriminantes, comme mon pauvre boyfriend a souvent droit…
À Montréal, c’est un peu moins fréquent, car les communautés noires sont beaucoup plus présentes, mais en région… c’est une autre paire de manches. Il y aura toujours des racistes que j’appelle « méchants », qui eux, se sentent supérieurs aux gens de couleur. Mais, il y a aussi beaucoup de racistes « ignorants », qui eux, sont intrigués et posent des questions qu’ils jugent innocentes, mais qui sont en fait offensantes.
Tu dois aimer ça les bananes, toi?
Je suis sûr que tu cours vite, tous les noirs courent vite!
Fais attention quand il pleut, tu pourrais déteindre
Ne reste pas trop longtemps au soleil, tu vas fondre
Dans le noir, on voit juste tes dents!
Des petites remarques que les blancs trouvent toujours bien cocasses, mais qui ont une portée beaucoup plus importante et un impact beaucoup beaucoup plus grand qu’on ne le pense… Pauvre Frank! Même s’il sourit (pour faire bonne figure), en dedans, c’est autrement.
Non, mais, de se faire comparer à un singe depuis son plus jeune âge… ça fera!
Je ne peux pas croire qu’en 2015, certaines personnes se sentent encore inférieures ou supérieures en raison de leur couleur de peau. (NDLR : en 2020, rien n’a changé…)
L’entrée en fonction de Barack Obama, le règne de P.K. Subban ou le Emmy Awards remporté par Viola Davis sont tous des pas de géant dans la bonne direction. En effet, beaucoup de tabous sur les noirs tombent chaque jour, mais il reste tout de même ÉNORMÉMENT de chemin à faire.
Cri du coeur
Aujourd’hui, j’écris donc ce texte comme un cri du cœur pour mes futurs enfants, mes futurs enfants métissés qui, je l’espère, n’auront jamais à endurer de commentaires déplacés comme ceux qu’a endurés leur père. (NDLR : on a accueilli notre premier enfant, Harrison, en janvier 2020)
Si chacun d’entre nous fait aujourd’hui un effort pour éduquer nos enfants à une plus grande ouverture d’esprit et pour remettre à l’ordre les gens de notre entourage qui émettent des commentaires racistes sans vergogne, mes futurs enfants auront peut-être la chance d’évoluer dans un monde égalitaire.
Après tout, ça ne coûte rien d’espérer…
Après quarante et un ans de mariage avec un beau métisse québécois, j’ose croire que votre article aura de l’impact ….toutefois on s’entend que les québécois ne sont pas racistes mais que leurs remarques sont à la rigueur « gugus » et quetaines. Bien souvent ils se pensent drôles avec leurs remarques pas de classe! Le premier article paru sur le sujet des races dans la revue Châtelaine il y a plus de 67 ans était l’histoire de mes beaux parents: elle une blanche du Lac St Jean et lui un noir anglophone de Kitchener en Ontario….le titre: pourquoi j’ai épousé un noir. la mere de la future mariée lui avait même offert u e bonne somme d’argent pour la dissuader de le marier. Ils ont eu 12 enfants tous des musiciens et artistes.
Au Quebec les noirs sont en général bien acceptés ….si on veut parler de racisme y a qu’à regarder les nouvelles sur le Sud des Usa…..des jeunes sont arrêtés et mis en prison….puis lyncher au sus et au vue des autorités et cela passe pour des suicides ….pas étonnant que ces villes soient devenues des poudrières !
Amicalement
Merci de partager votre histoire Nina63, ça donne espoir 🙂
Malheureusement, y’a des gens avec qui, peu importe l’acharnement qu’on a à vouloir changer leur vision, il y en a qui ont été éduqué de cette façon et qui ne changerons jamais.
Mon beau-père par exemple. Il est très raciste. Il passe sont temps à dire que ce sont eux qui sèment la violence partout, même si je lui montre la liste des 10 criminels les plus recherché au Québec et que 7/10 sont Québécois Blancs, et qu’aucun Noirs n’apparaît dans cette liste. Il dit souvent aussi « Qu’ils retourne dans leur pays » et il devient très insulté quand je lui répond » Bha nous aussi alors! Qu’est-ce qu’on attend pour retourner dans nos Pays et redonner leur terre aux Amérindiens? On est pas plus chez nous que les noirs » et normalement ensuite il me répond « Ah va donc chier! »…
Je suis d’origine italienne, et une fois dans un dépanneur j’ai croisé un vieil ivrogne qui me prenait pour un libanais.Il s’est attaqué à moi en me disant « Retourne dans ton pays esti de libanais sale » et ma écrasé contre le présentoir à chips. Je n’avais que 15 ans à l’époque. J’ai donc eu un petit avant-goût amer de ce qu’est le racisme.
J’aurais pu lui foutre mon poing sur la gueule, ça aurait été de la légitime défense. Mais je comprends aussi que les gens de ce groupe d’âge ont été enfant à une époque où il était « normal » d’être raciste. À une époque où l’esclavage était quelque chose de « normal ». Ce qu’on nous enseigne étant enfant, est très difficile à « désenseigner ». Et malheureusement, ce n’est pas tous le monde qui a la faculté de réfléchir et penser par soi-même.
Des bornés, il y en aura toujours. C’est une fatalité. Tous ce qu’on peux faire, c’est espérer qu’un jour toutes les races de la terre seront assez mélangés, à un tel point où il sera devenu presque anormal d’être 100% blanc… mais tant qu’il existera de la propagande pour séparer les peuples, comme cette culture de la haine envers les musulmans qui règne dans l’atmosphère du Québec, cette idée restera une utopie.
C’est mon point de vue….
Quel beau message Riccardo! Merci de partager et tu as bien raison, les plus jeunes ont une plus grande ouverture/tolérance selon moi aussi!
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