C‘est bien connu, la plupart des femmes – contrairement à la majorité des hommes – parlent de sexualité avec une grande transparence. Elles en discutent moins souvent, mais lorsqu’elles en font un sujet de conversation, elles s’expriment avec assurance et intériorité.
Les femmes laissent parfois place à la vulgarité, mais qui n’a pas besoin de lâcher son fou, par moment ?
La sexualité, encore un sujet tabou
Malheureusement, dans la société actuelle que l’on qualifie de « moderne et évoluée », parler de sexualité, surtout lorsqu’on est une femme, provoque encore beaucoup de démangeaisons internes chez plusieurs personnes.
C’est un sujet qui dérange et pourtant, la sexualité est un besoin prioritaire comme manger, boire, respirer et dormir
Je parle en connaissance de cause, parce que je fais partie de ces femmes qui ne se cachent pas pour en parler, même devant les hommes, et cela suscite toujours de très fortes réactions. Je me permets même, par moments, d’utiliser un langage cru pour provoquer certains puritains et je me délecte littéralement d’entendre leur riposte !
J’ajoute également à mon discours quelques statistiques ou faits qui portent à réflexion, question d’alimenter les échanges sur le sujet, tel que :
Saviez-vous que 18 % de la population mondiale est réellement hétérosexuelle ?
Ou encore :
Saviez-vous que le summum de l’orgasme chez l’homme résulte de la pénétration anale combinée avec la masturbation ?
Vous devriez voir et entendre mes élèves, tous âgés entre 13 et 16 ans, lorsque je leur enseigne, avec les bons termes, ce que j’appelle « la VIE » ! Parce qu’il ne faut pas se leurrer, toute forme de vie part de l’acte sexuel. J’ai l’air d’un extraterrestre !
Au départ, j’ai toujours droit à des fous rires qui dissimulent la gêne. Après coup, ils se confient, me demandent conseil et me remercient de leur avoir montré comment mettre un condom sur un pénis de bois. Le commentaire que j’entends le plus souvent est :
Ce n’est pas avec mes parents que je parlerais de ça !
et C’est dommage !
Par contre, je m’encourage en me disant qu’en 26 ans de carrière, j’ai probablement retardé le moment de devenir grands-parents, pour plusieurs de mes parents d’élèves… Hihi!
Ces femmes qui tentent de faire évoluer les mentalités
Qu’on soit pour ou contre l’interruption volontaire de la grossesse, Simone Veil représente tout de même l’icône de la liberté en matière de sexualité féminine, elle qui a fait adopter la loi dépénalisant le recours à l’IVG par une femme, lorsqu’elle était ministre de la Santé en France (1974).
Grâce à la « loi Veil », plusieurs femmes ont commencé à s’interroger sur leur droit à l’indépendance en matière sexuelle et à la simple possibilité de refuser la domination masculine.
Aimer le sexe sans restriction et en parler devenait enfin envisageable!
Plus près de nous, au Québec, une grande femme issue du milieu journalistique a longtemps défendu cette idéologie. En effet, Janette Bertrand a écrit, animé et réalisé de nombreuses émissions dans lesquelles les personnages et le public étaient invités à discuter chastement de sujets controversés attenant à la sexualité.
Son travail a permis de démystifier des thèmes délicats, a ouvert la voie de l’expression à d’autres femmes et surtout…
À rallier certains hommes à la cause du sexe opposé
Plus récemment, le mouvement Me Too a de nouveau ébranlé les consciences. Désormais, les femmes sont encouragées à dénoncer toutes formes de violence à caractère sexuel qui émergent d’une structure sociale défaillante, laissant libre court aux plus puissants d’oppresser les plus faibles.
Scarlett Johansson, une actrice américaine originaire du Danemark, a été l’une des premières à se libérer de son agresseur. D’ailleurs, depuis plusieurs années déjà, elle n’hésite pas à invalider les interdits. Elle encourage aussi les gens à avoir une ouverture en termes de sexualité féminine.
Dans une entrevue au magazine Cosmopolitan, elle a affirmé :
Si vous avez une attitude saine, vous êtes étiquetée comme une fille facile, délurée, une salope. Vous n’avez pas de morale et vous êtes considérée comme une sorte de perverse sexuelle. Ou encore quelqu’un qui est incapable d’une relation monogame !
La communication et le respect
Peu importe les lois que nous adopterons, le contenu télévisuel que nous regarderons et les discours politiques que nous tiendrons, s’il n’y a pas un meilleur dialogue entre les humains de cette planète, l’évolution tardera. Il faut parler de ses besoins, de ses sentiments, de ses désirs sexuels clairement et honnêtement. Ensuite, se respecter mutuellement. C’est ainsi que nous pourrons mieux éduquer la société.
Au contact des gens et de ma clientèle adolescente, j’en suis venue à la conclusion que j’avais été choyée d’avoir des parents avec lesquels je discutais ouvertement de sexualité. Ils m’ont ouvert la voie de l’épanouissement.
Et j’espère en faire autant les générations à venir !