L’impact des réseaux sociaux sur l’actualité

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Mardi 22 Mars, mon portable m’a réveillée à grands coups de vibrations. Pardon, je précise, Facebook m’a réveillée, tenant à me rassurer sur l’état de mes « amis » bruxellois. J’ai pu voir que Martin Dupont avait été marqué « en sécurité ». Attends c’est qui lui déjà? Ah ouiii! Mais de quoi on parle, au juste?

Merci Facebook de m’avoir tenue au courant avant Le Monde, Le Devoir, BFM TV et même mes connaissances de Bruxelles.

Le temps de sauter hors du lit et d’allumer la télé (à comprendre, mon ordinateur vieux de mille ans), je comprends enfin ce qu’il s’est passé pendant la matinée, à Bruxelles. Frissonnante et effarée devant la violence des attentats, je réalise très vite que les réseaux sociaux ont été plus rapides à relayer l’horreur jusqu’à moi… que les journalistes.

Mais pourquoi accorder autant de place aux réseaux sociaux en période de crise? Et quel est réellement l’impact des réseaux sociaux sur notre vision de l’actualité?

Les réseaux sociaux permettent tout simplement de montrer notre solidarité vis-à-vis d’un événement ou d’un groupe précis. Dès 10 h du matin, les autorités belges encourageaient les habitants de Bruxelles à faire usage des réseaux sociaux ou des applications de messagerie telle que WhatsApp pour rassurer leurs familles.

Les appels étant saturés, des applications comme Facebook et Twitter ont été favorisées, et on les comprend. En deux clics, on a pu savoir qui de nos amis étaient, ou n’étaient pas, en sécurité.

Une solidarité à coups de hashtags et de photos de profil drapées

Les réseaux sociaux sont ainsi des lieux de prédilection pour affirmer notre soutien à une cause. Nombreux sont ceux à avoir adopté le drapeau aux couleurs de la France (moi comprise), en novembre dernier. Mardi, je pouvais couvrir ma tête d’un drapeau belge. Corrélation or not, les monuments symboliques des capitales du monde entier se sont mis, eux aussi, à porter fièrement les couleurs des pays victimes.

Mais la solidarité ne s’arrête pas aux couleurs d’une photo. Elle va jusqu’à s’immiscer dans notre identité. Hier, j’étais Charlie, aujourd’hui je suis « sick of that shit ». Comme je ne veux pas faire de jaloux, je suis aussi unie contre la haine, je suis Bamako, et je suis même Népal.

J’ai beau ne pas être croyante, je me mets tout de même à prier pour Paris, pour Bruxelles, pour la Syrie, pour le réchauffement climatique et pour le monde.

Ainsi, les réseaux sociaux réussissent tout bonnement à nous sensibiliser plus fortement à une cause que l’actualité, en perpétrant un mouvement de masse.

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Un lieu de réunification commun

Grâce à la fonctionnalité « Safety Check » de Facebook, toute personne se trouvant à Bruxelles – ou ayant désigné la ville comme étant son lieu de vie – a la possibilité de se signaler en sécurité.

Bien plus rapide qu’un appel à Pierre, Paul, Jacques et Nicolas, cette application a pourtant suscité l’indignation à ses débuts. Si un attentat aussi violent que celui du 13 novembre de Paris mérite un « Safety Check », qu’en est-il des villes comme Ankara ou Beyrouth? Cette dernière vit, le 12 novembre 2015, un des attentats les plus meurtriers de son histoire. Le créateur de Facebook justifie donc l’absence du « Safety Check » à Beyrouth par le récent usage de cette fonctionnalité en cas de terrorisme, alors qu’elle n’était utilisée auparavant qu’en cas de catastrophes naturelles.

Ce n’est pas tout, puisqu’en novembre dernier, Twitter se relaye vite pour chercher les disparus grâce au hashtag #Recherche. Et s’ensuit #PorteOuverte pour accueillir les gens bloqués hors de chez eux. En somme, l’application se présente comme maître de la réunification.

Mais… une actualité ciblée

Néanmoins, les réseaux sociaux montrent vite leurs limites. Ne peut-on pas dire que Facebook, Twitter & Cie nous dictent ce qui devrait avoir ou non de l’importance à nos yeux?

Une information digne d’être relayée sur les réseaux sociaux doit pouvoir faire le buzz sans pour autant choquer trop profondément son audimat. Des images terribles d’enfants échoués sur la plage ou d’étudiants massacrés en Afrique n’ont pas la même longévité que d’autres évènements. Car les médias le savent : les utilisateurs des réseaux sociaux réagiront principalement à des situations qui leur parlent – à comprendre « Ça aurait pu être moi ».

Après avoir tweeté #PrayForParis et partagé les nombreux desseins faisant hommage aux drames, la tempête se calme, les statuts disparaissent et la vie reprend son cours, montrant à quel point la force des réseaux sociaux reste éphémère…

Car ces belles images et ces statuts émouvants ne partent pas forcément d’un bon sentiment et peuvent être dirigés par l’envie de créer un coup marketing. De même, nombreux sont les internautes souhaitant être à la mode et dont le changement de photo de profil n’est que le résultat d’un mouvement de masse.

Alors, prenez garde à ne pas être de simples moutons de Panurge!

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Les réseaux sociaux : les journalistes de demain?

Nous pouvons finalement reprocher aux réseaux sociaux de s’apparenter au métier de journaliste. On ne sait plus qui croire et qui écouter avec un afflux d’informations quasi instantanées sur le web. En effet, chacun peut affirmer ce qui lui plait par souci d’audience, de scoop, ou tout simplement sous l’effet du choc.

La communauté Reddit est la reine de ce type de situation. Sur cette interface, n’importe qui peut s’improviser reporter sans réelle légitimité. Ainsi, ces journalistes 2.0 peuvent obtenir le soutien de milliers d’internautes grâce à des likes (pouces verts) en rédigeant du contenu qui plait. Ils gagnent de cette façon-ci une visibilité plus importante que certains journalistes, dont c’est le métier.

L’effet boomerang des réseaux sociaux est instantané : d’une vidéo à une affirmation, plus rien n’est vérifiable!

Un rassemblement contrôlé

Les réseaux sociaux sont parvenus à apporter une source de réconfort pour énormément d’internautes. Partager, commenter et liker: toutes ces actions virtuelles rapprochent les gens entre eux et les confortent dans leurs idéaux.

Tout cela a cependant des limites, les internautes prenant des risques considérables pour avoir en vidéo sur leurs derniers iPhone le scandale de demain et le statut de la gloire… sans réfléchir en dehors d’une bulle médiatique.

Mon conseil? Continuez de tweeter, mais n’oubliez pas qu’il faut réfléchir en dehors du moule et que l’engagement, le vrai, passe aussi par la réalité.