Assise dans les estrades pour un match de la Victoire de Montréal, les spectateurs sont sur le bout de leur banc, alors qu’on tente de briser l’égalité. Des « Aaaah! » quand les joueuses reprennent la rondelle et des « Oooh! » quand on tire au but. Puis un monsieur, assis derrière moi qui lâche :
Criss de conne! On sait ben, tu sais pas patiner… Enwaye!
Avec l’arrivée de ligues féminines au hockey et au soccer, il y a de quoi lâcher un soupir suivi d’un gros ENFIN!! Mais, il y a encore du chemin à faire en frais d’égalité et, surtout, de préjugés envers les femmes dans le sport professionnel…
Voici donc mon brûlage de brassière (sport) pour ouvrir l’année 2025 : Cheers!
PVI: ne suivant pas le soccer, je vais surtout parler de la Ligue professionnelle de hockey féminin, plus précisément de la Victoire de Montréal. Mais, salutations aux fans des Roses de Montréal!
Les filles et le sport
On l’a tous entendu : les filles, ça court moins vite. Les filles, ça se bitch. Ah, les filles…
Il y a quelques jours, je suis tombée sur une vidéo d’une jeune femme qui comptait des buts sur une cible numérique. Des buts impeccables et précis en peu de temps. Parce qu’elle était sur un sol en béton et non en patins sur la glace, une pelleté de gentlemen s’est empressée de souligner dans les commentaires que : *Ben beau faire des buts, mais est comment sur ses patins, la p’tite? *.
Ben meilleure que toi, Steven!
Après un an de LPHF, il y a encore des commentaires tout aussi gracieux envers les joueuses. *C’est juste des filles.* Ben oui, des filles qui sont presque toutes allées aux Olympiques ou dans des championnats mondiaux…
Et ce n’était pas pour jouer au ping-pong, Steven!
Soulignons d’ailleurs que, tel un tour de magie, les matchs de la LPHF sont en majorité commentés par des femmes. Parce qu’il a fallut l’arrivée d’une ligue féminine professionnelle pour leur faire plus de place. Bien qu’il y en avait déjà quelques-unes, comme Chantal Machabée et Marie-Claude Savard qui ont pavé le chemin, le fait qu’il y ait soudainement autant de commentatrices en ondes nous laisse croire qu’elles attendaient seulement que la place se crée!
Ça va jouer doux…
Alors, avec l’arrivée de la ligue féminine de hockey (LPHF), j’ai entendu (et lu) à plusieurs reprises qu’avec des femmes, ça va clairement jouer moins rough. Ça va se bousculer un peu, mais t’sais, des filles hein!
Honnêtement, je l’accorde… en partie. Jusqu’à présent, on a eu moins de batailles que ce que l’ont connait dans la LNH. Bien qu’elles soient toutes aussi compétitives que les joueurs, la grosse testostérone ne s’invite pas pour des querelles inutiles chez les femmes.
De plus, il faut dire que la grande majorité des joueuses se connaissent personnellement. Ce qui fait que, malgré l’adversité, il y a du respect. Pourquoi donc se taper sur la gueule?
Néanmoins, pour les fans de violence (c’est un peu bizarre à dire), les joueuses ne font pas non plus dans la dentelle. Tu peux prendre le temps de regarder la mise en échec de Megan Keller (Fleet) par Catherine Dubois (Victoire) le 30 décembre 2024… Ouch!
Au-delà de vouloir du jeu rough sur la glace, les joueuses nous offrent des matchs de qualité. Et c’est ça qu’on veut, non?
Des tomboys ou rien!
Dans mon top 3 des remarques sur les sportives, c’est qu’elles sont indéniablement toutes des « p’tits garçons manqués ». Autrement, elles ne feraient pas long feu après un premier faux-ongle cassé, t’sais! Il faut un minimum de masculinité pour faire du sport après tout, non?
Ça a sûrement créé une grande confusion chez les hommes de découvrir que Mariah Keopple, passionnée par le hockey depuis l’adolescence, est aussi passionnée par la mode. Celle qui arbore le #2 pour Montréal a même conçu un vêtement spécial qu’elle portait pour le match d’ouverture l’an passé, et elle continue d’épater avec ses habits extravagants avant chaque jour de game.
Ben oui, c’est possible d’être sportive et féminine, Steven!
Un texte teinté d’ironie, je l’admet, parce que ça me fend qu’encore aujourd’hui, des commentaires arrogants sur les femmes circulent quotidiennement. On ne peut que saluer ces femmes qui doivent faire doublement leurs preuves dans un milieu où la masculinité leur souffle dans le cou des préjugés remettant leur talent en question.
Je suis allée voir un match de la Victoire, et j’ai senti une fierté contagieuse dans tout l’aréna. Et à ce match, il y avait une petite fille près du banc des joueuses qui tenait avec son frère une affiche où on pouvait lire :
« Je veux être comme Marie-Philip! »