Tu es parti si vite.
Papa. Tu me manques. Tout de toi me manque. J’ai un sentiment de vide insatiable. Une partie de moi s’est échappée et ne reviendra jamais.
13 ans déjà. Tu es parti si vite. J’ai à peine quelques biens qui t’appartenaient, quelques souvenirs matériels de toi. Quelques petites babioles, sans plus, sans signification particulière. Les seules choses que tu as laissées derrière toi sont cette encre indélébile sur ma cheville gauche et cette date sur le calendrier. Cette date qui revient chaque année, en même temps que tombent les feuilles mortes.
J’ai longtemps cherché le visage que j’ai perdu. Ton visage. Je voudrais tellement un jour recroiser ton regard, tes yeux bleus perçants. Certains soirs, j’aimerais que le téléphone sonne et que ce soit toi. Je donnerais tout pour réentendre ta voix, rire de l’une de tes blagues, te serrer très fort contre moi.
Plus les années avancent, moins je me souviens des détails qui donnaient forme à ton joli minois. Mes souvenirs s’effacent… Je ne me souviens pas non plus de ton odeur. Ça fait mal. Ces détails que l’ont trouve généralement complètement insipides, moi, je suis en train de les oublier, petit à petit.
Et ils ne reviendront jamais.
On ne se connaissait pas beaucoup, toi et moi. Tu es parti de la maison alors que je n’avais que 3 ans. Très jeune, dès le début de mon adolescence, j’avais pris mes distances. Je comprenais désormais le mal qui te rongeait. Cette dépendance qui était si forte, si présente dans ta vie et depuis si longtemps. Celle qui brisait tout autour de toi.
Je ne voulais plus avoir mal. Je ne voulais plus t’attendre, assise là, sur le banc de neige avec mes bagages, à espérer que, cette fois-ci, tu n’aurais pas trop bu. Que cette fois-ci, tu ne m’oublierais pas.
Tu étais l’adulte et moi l’enfant. Mais je ne t’en veux pas.
C’est un peu de ma faute. Si seulement j’avais pris le temps de te voir plus souvent. Si seulement j’avais pris le temps de répondre «oui» quand tu voulais me voir. Si seulement j’avais été présente le soir de ton malaise. Cette nuit là, quand je t’ai vu mourir dans mes bras, quand tu as fermé tes yeux à tout jamais, quand j’ai vu et entendu ton dernier souffle. Cette nuit là, tu as emporté mon cœur de petite fille avec toi.
Tu m’as laissée derrière toi, toute seule.
Maintenant, tu es une étoile, mon étoile. Tu me rejoins parfois dans mes rêves. En silence. Sans trace d’une ombre.
D’où tu es, es-tu fier de ce que ta fille est devenue, papa?
Je n’ai pas eu le temps de te dire adieu, pas eu le temps de te demander pardon. Je vivrai jusqu’à la fin de mes jours avec ce mal-être intérieur. C’est ma punition.
La mort n’est rien, car l’amour ne disparaîtra jamais.
RIP 21/10/2003
Je t’aime
Ta fille
Bravo, très beau, on sent l’émotion qui t’habite! Lâche pas!
Ho-
Bonjour! Merci beaucoup de prendre le temps de me lire et merci également pour vos encouragements. Ça fait chaud au coeur. -Cynthia
Ton texte me touche et me rejoins énormément ouff quel émotion !
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