Réconcilier corps et esprit après bébé: un défi quand les troubles alimentaires ont marqué le passé

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Actuellement installée à la table de ma cuisine, entre un cahier de coloriage Vogue des années 1950 et ma gourde d’eau que je traîne partout, j’ai décidé d’écrire sur ma nouvelle réalité. Plus précisément, sur ce que je ressens en tant que nouvelle maman, anciennement aux prises avec un trouble du comportement alimentaire (TCA).

Avant d’être enceinte, lorsque je flânais sur les réseaux sociaux, il m’est arrivé de voir des publications de futures mamans pour qui la prise de poids était un fardeau, autant sur le plan physique que psychologique. Je consultais ce type de contenu avec empathie, car je sais ce que c’est que de n’être jamais satisfaite de ses mensurations.

Mais ce type de contenu générait également de gros points d’interrogation dans ma tête. Je me souviens m’être demandé comment ça se passerait pour moi…

Est-ce que le fait d’attendre un enfant serait si merveilleux que ça éclipserait ma peur de gagner du poids?

Est-ce que ça effacerait l’appréhension que j’ai de perdre le contrôle de mon corps?

Est-ce qu’en devenant mère, toute cette histoire d’idéal de beauté deviendrait futile et dérisoire?

Je me souviens m’être dit qu’un évènement aussi marquant que celui de donner la vie ne pouvait qu’effacer le « superflu ». Le « superflu » ici, vous l’aurez compris, c’est cette rigidité à vouloir conserver un corps qui répond aux normes de beauté actuelles.


Ma nouvelle réalité

En ce qui me concerne, le rôle de maman… c’est difficile parfois! Mon conjoint et moi vivons de beaux moments de bonheur avec notre petit bout de chou. Et ces instants précieux, nous les chérirons toute notre vie. Cependant, il n’en reste pas moins que ça prend du temps avant de trouver le rythme, de trouver sa place dans cette nouvelle vie.

Dans cette nouvelle réalité, je suis souvent fatiguée, et même exténuée, car j’ai trop de temps libre pour penser, pour m’inquiéter…

Le fait est que la nouvelle maman (anciennement affligée par un TCA) que je suis, a de la difficulté à être indulgente envers elle-même. Oui, à être indulgente…

– chaque fois que je touche mon bas du visage, pour en constater l’excès de peau qui s’y trouve…

– chaque fois que je regarde mon reflet dans un miroir, avec déception et une petite pointe de résignation…

– chaque fois que je vois des amies qui n’ont pas d’enfant arborer un corps svelte et dépourvu de pesanteur…

– chaque instant que je trouve que je ne fais rien d’important et que je manque d’utilité…

– chaque fois, finalement.


Une montagne russe d’émotions

En fin de compte, je suis une femme qui a eu le courage de concrétiser son désir: celui de fonder une famille. Et ce, malgré une peur irrépressible de prendre du poids. Alors, j’ai le droit de vivre toutes sortes d’émotions, aussi contradictoires soient-elles. C’est naturel, après avoir donné la vie à un petit être!

En réalité, mère ou non, nous devrions toutes être plus indulgentes envers notre personne. Nous voudrions être des machines, mais nous ne le sommes pas. Nous sommes humaines, et tant qu’on fait de notre mieux, nous sommes des femmes prodigieuses!

J’espère qu’avoir partagé une parcelle de mes ressentis en aidera plus d’une à prendre conscience qu’elles ne sont pas seules! Nous sommes une quantité phénoménale de femmes pour qui la maternité et sa suite ne sont pas toujours évidentes.

C’est OK que ce ne soit pas tout rose. Et c’est important de verbaliser ses états d’âmes… Ou dans mon cas, de les écrire!


Oser en parler

Avant d’inscrire le point final à cet article, je vous conseille vivement de consulter les intervenant(e)s d’ANEB (Anorexie et Boulimie Québec) en cas de soucis avec les troubles alimentaires. Cet organisme à but non lucratif vise à supporter et à encourager celles qui en ont besoin, dans les moments les plus critiques!

L’organisation a sa propre ligne d’écoute : vous pouvez parler, texter, clavarder, avoir accès à des groupes de soutien, et même avoir l’option de suivre des formations. N’hésitez pas à téléphoner au 1800 630-0907 lorsque le besoin se fait sentir…

ça fait du bien d’en parler!