Bien assise dans le confort de mon chez-moi, je regarde les nouvelles à la télévision. Je change rapidement de poste, au moment où je vois le désespoir dans les yeux des gens.
Ils sont pris dans des situation catastrophiques et ils sont vulnérables
Je ne le cacherai pas : je suis une personne très empathique et j’absorbe rapidement l’énergie du monde qui m’entoure. J’ai le cœur sensible, alors je m’abstiens de regarder les catastrophes aux nouvelles.
Aujourd’hui, les informations se propagent à une vitesse fulgurante à la télévision. Alors, j’ouvre mes réseaux sociaux… même chose! Mon fil d’actualité est rempli de posts sur la tragédie du Costa Rica. Je clique sur une vidéo partagée par un de mes amis, ce qui me transporte en plein tsunami.
Je me sens dans le feu de l’action, en plein coeur de cet ouragan pour une fraction de seconde.
Honnêtement, je suis loin de ressentir le 1/8 des émotions de ces gens, mais je ressens de la compassion envers ce peuple qui vit des choses immondes et irréalistes. Heureusement, mon écran d’ordinateur me « protège ».
Tremblement de terre à Mexico
J’en parle, parce qu’avant le 19 septembre 2017, 13h40, je n’y connaissais absolument rien… Le 19 septembre dernier, Mexico a été touché par un tremblement de terre d’une magnitude de 7.1 et…
j’y étais!
Sincèrement, cette journée fût la plus éprouvante de toute ma vie
La première émotion que tu ressens, quand ça arrive, c’est l’impuissance. Plus précisément, l’impuissance TOTALE. Le sentiment d’être absolument rien contre la nature. En fait, c’est exactement ce qu’on est.
J’ai compris à quel point la nature est grande et puissante… Même si on l’ignore parfois par égoïsme, la nature nous rappelle assez vite qu’ELLE est le boss de l’univers. Bref, j’avais envie que ça arrête là et maintenant. Mais toute ma volonté n’y était pour rien.
Ensuite sont venues toutes les émotions liées à la survie : incompréhension, urgence, panique…
Quand le tremblement de terre a commencé, j’étais assise à l’intérieur d’un édifice. Les murs de béton bougeaient comme du carton sous le vent. Étonnamment, je suis restée figé un bon 10 secondes à essayer de comprendre ce qui se passait. Dans ma tête, c’est comme si c’était impossible. Mon cerveau n’y comprenait rien. Je regardais les gens courir et se bousculer comme des animaux pour sortir. Je n’entendais plus un son, mais je voyais ces images défiler à la vitesse de la lumière… Jusqu’à ce que mon amie me prenne le bras tellement fort et me tire à m’en faire tomber par terre! C’est à ce moment que ma conscience est revenue et que j’ai eu une décharge gigantesque d’adrénaline dans le sang.
L’après tremblement de terre
Je ne parlerai pas de mon histoire au complet, car je l’ai répétée à plusieurs reprises et de nombreux articles en parlent. Mais, ce que j’ai envie de parler, c’est du après tremblement de terre.
La bonne nouvelle, c’est qu’il ne m’est rien arrivé physiquement. La moins bonne nouvelle, c’est que j’ai vécu un choc post traumatique.
Je n’ai pas dormi pendant des semaines. Je me lavais dans la douche à une vitesse éclair. Chaque petit tremblement de plancher, de table me créait une angoisse extrême. Je me réveillais la nuit en sueur, en me répétant l’histoire dans ma tête.
Le corps humain est incroyable. La mémoire enregistre TOUT et te prévient des éventuels dangers. Mon corps avait compris le message et il était maintenant prêt pour la prochaine attaque. Il s’était conditionné lui-même à sa survie. J’étais devenue un soldat. Tout ce que je faisais était calculé pour le prochain tremblement.
C’est triste, mais c’est ce que les gens qu’on voit aux nouvelles vivent pratiquement chaque jour…
On a la chance de vivre dans un pays sécuritaire (pour le moment, du moins) et il faut être reconnaissant de la chance qu’on a.
Dans mon cas, le choc a beaucoup diminué depuis mon retour au Québec. J’ai encore des séquelles lorsque le plancher vibre : le « soldat » revient à la charge pour une fraction de secondes. Mais, c’est de mieux en mieux…
Tout ça pour dire que les drames écologiques durent quelques secondes seulement en réalité, mais éternellement dans la tête des victimes…