L‘an dernier, l’équipe de la série documentaire 180 jours, à Télé-Québec, a réalisé un documentaire à l’école Gérard-Fillion, mon milieu de travail des cinq dernières années.
1400 nouveaux élèves, 65 ethnies différentes, plus de 40% d’élèves ayant des besoins particuliers : un milieu très défavorisé dans lequel le sport est à l’honneur et qui est dirigé uniquement par des femmes.
Bref, un établissement idéal pour faire connaître la réalité des écoles secondaires publiques
VOUS POUVEZ SUIVRE LE QUOTIDIEN DES ÉLÈVES ET DES INTERVENANTS LE JEUDI À 20H, EN DIRECT À TÉLÉ-QUÉBEC. VOUS POURREZ ÉGALEMENT VISIONNER LES ÉPISODES SUR LE SITE INTERNET DE LA STATION.
J’ai eu des doutes…
Au départ, j’avoue que je n’étais pas chaude à l’idée qu’une équipe de tournage s’incruste dans notre milieu de travail pendant 180 jours. Pourquoi ? Tout simplement pour une question d’éthique professionnelle, par souci de confidentialité pour tous ces jeunes qui vivent des situations difficiles et qui n’ont pas toujours envie de rendre leur vie publique.
LES PARENTS, LES JEUNES ET LES INTERVENANTS DÉSIREUX D’Y PARTICIPER ONT SIGNÉ UN DOCUMENT PERMETTANT LA PUBLICATION DES IMAGES. TOUS CEUX ET CELLES QUI NE VOULAIENT PAS ÊTRE FILMÉS, NE L’ÉTAIENT PAS OU ONT LE VISAGE CACHÉ DANS LA SÉRIE.
J’ai pensé aussi aux intervenants, moi comprise, qui interviennent au mieux de leur connaissance professionnelle et personnelle pour tenter d’aider les jeunes à tous les niveaux. De quelle façon la population, qui est extérieure au milieu, percevra-t-elle leurs interventions ? Travailler avec l’humain ne comporte pas de solutions miracles. Aura-t-on le droit à l’erreur ? Le jugement est si rapide et dure dans notre société.
J’ai été rassurée…
Mais, j’ai rapidement vu les effets bénéfiques de la série sur le milieu.
MÊME SI CE N’ÉTAIT PAS TOUJOURS ÉVIDENT D’INTERVENIR EN PRÉSENCE DES CAMÉRAS, CAR CERTAINS JEUNES ÉTAIENT DAVANTAGE PERTURBÉS, LE QUOTIDIEN VÉCU ENTRE LES MURS DE L’ÉCOLE Y EST TRÈS BIEN REPRÉSENTÉ.
On y voit les étudiants qui font face au stress de la rentrée, qui doivent apprendre à s’organiser (connaître son horaire, ouvrir son cadenas à la vitesse de l’éclair pour prendre le bon matériel et ne pas arriver en retard à son prochain cours), qui font connaissance avec une tonne de nouvelles personnes, qui découvrent tous les racoins de l’école (même après cinq ans, je ne les connais pas tous, tellement elle est immense!)…
On y voit des intervenants passionnés, qui doivent également s’adapter constamment, qui tentent tant bien que mal d’éviter le décrochage scolaire, qui supportent à bout de bras tous ces élèves aux réalités bien différentes : des étudiants qui veulent réussir, d’autres qui présentent de grandes lacunes en raison d’une situation familiale particulière, d’une arrivée récente au pays ou qui ont besoin de services particuliers.
Un sonnette d’alarme pour les futurs élus
J’espère vivement que cette initiative permettra aux futurs élus politiques de se questionner sur ce qu’il faut conserver et surtout, ce qu’il faut mettre en place pour venir en aide aux écoles publiques de notre province.
Le travail fait par tous les acteurs du milieu est colossal et mérite qu’on y porte attention. Il dépasse souvent le cadre de nos professions. C’est une véritable vocation et nous sommes fiers de nos réussites.
Je pense ici aux différents profils proposés par les écoles qui motivent les élèves et les accrochent à un rêve d’avenir, aux programmes de lutte pour l’intimidation, aux efforts déployés pour amener les parents à faire route commune avec leur jeune et le milieu et aux activités organisées pour créer un sentiment d’appartenance encore plus fort .
VOUS REMARQUEREZ QUE L’ÉCOLE GÉRARD-FILION EST UN MODÈLE À SUIVRE CONCERNANT LA COLLABORATION AVEC LES RESSOURCES DU MILIEU.
À mon humble avis, le manque de services spécialisés est criant dans nos écoles. Vous constaterez, au fil des épisodes, combien les besoins sont grands, tant sur le plan de l’accompagnement en classe par des éducateurs pour soutenir le corps professoral dans la gestion de la discipline et du comportement, qu’au niveau du suivi académique psychologique et orthopédagogique.
PLUSIEURS ÉLÈVES ACCUSENT DES RETARDS ACADÉMIQUES IMPORTANTS ET CELA A DES RÉPERCUSSIONS SUR TOUTES LES SPHÈRES DE LEUR VIE.
Un reflet de notre société
Vous allez dire que je prêche pour ma paroisse, parce que je suis éducatrice spécialisée. Mais, pendant que l’enseignant tente d’inculquer son savoir, il importe qu’il y ait une présence pour favoriser un climat de classe agréable, une approche personnalisée pour l’élève en difficulté d’adaptation et académique.
OUI, ÇA BRASSE DANS CET ENVIRONNEMENT TRÈS DÉFAVORISÉ. MAIS, N’OUBLIEZ PAS QUE C’EST LE REFLET DE NOTRE SOCIÉTÉ ACTUELLE ET FUTURE!
Quant à mon quotidien d’éducatrice, il se poursuit dans une autre école et dans une autre ville cette année, Cardinal-Roy à Québec. Les lieux sont différents, mais les besoins des élèves sont les mêmes : l’apprentissage du savoir faire, savoir être et du savoir vivre dans l’amour!
Mes collègues sont aussi passionnants et passionnés!
Lors du visionnement du premier épisode, j’ai pleuré, car je fais assurément le deuil d’un milieu que j’ai adoré, qui m’a accueilli sans jugement, comme il le fait avec chaque étudiant. Ce milieu fait aussi preuve d’une ouverture incomparable sur le monde! J’y revois des jeunes que j’ai accompagné depuis la maternelle et qui m’ont fait le grand cadeau de leur confiance.
J’ESPÈRE QUE LES TÉLÉSPECTATEURS POURRONT SE COLLER À NOTRE PASSION D’INTERVENIR, DE CROIRE EN LEURS RÊVES ET QUE NOS ÉLUS POURSUIVRONT NOTRE MISSION DU COEUR.
BON VISIONNEMENT ET N’HÉSITEZ PAS À PARTAGER CET ARTICLE… C’EST AINSI QU’ON CHANGE LE MONDE… UN CLIC À LA FOIS!