Se faire congédier, c’est un peu comme quand on était petits et qu’on tombait de la balançoire : ça coupe le souffle. Ça désoriente pour un moment. Et sur le coup, t’as juste le goût de te réfugier dans les bras de ta mère.
Du jour au lendemain, tout change.
Tu n’as plus d’horaire, plus de collègues à saluer le matin, plus de listes de tâches à accomplir pour participer «à la société», et te sentir utile… Tu passes en catimini prendre le petit garde-manger que tu gardais au bureau, et d’autres items inutiles. Tu salues certains anciens collègues dans une stupéfaction généralisée.
Et tu fais ta demande d’assurance-emploi en te demandant ce qui a pu si mal tourner.
Ciao bye!
Perdre son emploi, ça arrive à des milliers de Québécois chaque année. Pour de multiples raisons… mais parfois sans avertissement.
Une journée, tu organises une surprise d’Halloween hors de l’ordinaire au bureau, tu arroses les plantes avec ton costume de Charlie avant de quitter et le lendemain, on te montre la porte. Alors que tu venais tout juste d’entrer (ou presque).
Tu as l’impression qu’on ne t’a pas laissé la chance de te prouver. Ou pire, que tu l’as fait, mais qu’on t’a quand même dit «Ciao bye», parce que tu dérangeais avec ta tête de cochon et ton franc parler. Tu as le sentiment qu’on t’a trahie, parce que tu les arrosais les plantes, au sens propre comme au figuré. (Une petite métaphore, tu vas comprendre bientôt.)
On t’a trahie, parce que tu as été trop transparente et trop honnête.
On t’a trahie, parce qu’on t’a laissée partir injustement.
On t’a trahie, parce qu’on a cru en ton potentiel au départ et qu’on ne l’a pas utilisé.
On ne voyait pas que tu faisais fleurir le jardin lentement. (Arroser les plantes, fleurir le jardin… tsé?!)
Laissez-moi fleurir
Je suis tombée sur cette citation peu de temps après mon congédiement et ça m’a bouleversée. Disons que je me suis sentie interpellée…
J’ai senti qu’on rejetait ma «flower» qui ne «bloomait» pas, sans essayer de «fixer» l’environnement. Qu’on abandonnait mon potentiel pour une autre plante, nouvelle, bien plus bucolique, mais qui tuait les autres plantes à petits feux. Qu’on me remplaçait parce que je semblais fanée, alors que j’avais juste pas assez d’eau, pis de soleil, pis un trop petit jardin.
je ne voulais pas partir, je voulais fleurir
Mais ça, ma boss ne l’a pas compris. Ou l’a mal compris.
Peu importe, elle m’a montré la porte.
Du jour au lendemain, j’avais plus d’horaire, plus de collègues à saluer le matin, plus de to-do-list. Je m’inscrivais à l’assurance-emploi, la rage au ventre, un mélange de honte et d’amertume, la boule dans la gorge.
Et malgré toutes ces émotions, je remerciais la vie.
Au fin fond de moi, y’avait une petite voix qui me disait que «rien n’arrive pour rien» et que, anyway, c’était pour le mieux.
Parce que tu peux difficilement T’ATTENDRE À voir une fleur s’épanouir à travers une route de béton.