Il y a deux semaines, j’avais envie d’écrire un article sur le fait d’être une vraie femme. Qu’est-ce que c’est, être une vraie femme de nos jours? J’avais débuté l’article sans trop de presse et finalement, j’ai abandonné…
Mais ces derniers jours, la société semble avoir fait le point sur ce qu’est une vraie femme et même une vraie artiste
Dimanche dernier avait lieu le Gala de L’ADISQ, que je n’ai pu écouter, mais dont j’ai entendu parler à gauche et à droite. Qu’est-ce que j’ai entendu? L’animation toujours aussi efficace et dynamique de Louis-José Houde? Jean Leloup qui, après toutes ces années, nous offre toujours des oeuvres incroyables? La présence de Céline Dion (aller-retour Végas/Montréal) au Gala?
Non. Rien de tout ça. Ce que j’ai entendu, vu et lu du Gala de l’ADISQ (qui, je le rappelle, a pour but de souligner le talent et l’excellence des artistes, producteurs et professionnels de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo), sont des commentaires sur l’habillement d’une artiste, consacrée révélation de l’année.
Son f***inG habillement!!!
Une chance que les Denis Drolet n’ont rien gagné… So much Brun!
Des commentaires de toutes sortes envahissent les réseaux sociaux depuis dimanche soir, passant de « grosse laide » à « sac à vidange » et j’en passe. Ces personnes ont-elles la moindre idée de l’impact de leurs écrits? Ont-elles pris la peine de se demander:
Ouain, j’aime pas trop son habillement, c’est quand même un gala, mais suis-je obligé de l’insulter sur internet?
À la vieille dame qui ne veut pas de Safia Nolin comme fille tellement c’est honteux, au jeune qui la traite de grosse laide ou au monsieur qui la compare à des vidanges:
la cyberintimidation, vous connaissez?
Safia Nolin est monté sur scène habillée d’un jeans, d’un chandail de Gerry Boulet et d’un tricot… À un Gala… So WHAT?! Une économie de probablement 500$ et plus pour elle.
C’est pas ça qu’on prône, d’ailleurs, l’économie?
Les gens sont tellement rendus superficiels, ils s’achètent des robes à 1000 piasses pour une soirée, mangent des sushis pis des tartares fancés avec du caviar de poéssons volants, pis ça se fait coiffer par un Pablo avec full spray net pour 150 piassses!
Mais à voir tous les commentaires dégradants et (je dois dire) insignifiants à propos de l’HABILLEMENT d’une artiste qu’on récompense pour sa MUSIQUE, ça me donne l’impression qu’être une vraie FEMME, ça passe par l’habillement. Qu’être une vraie ARTISTE, ça passe par les vêtements.
Étant donné que moi-même, je serais du genre à monter sur scène en jeans : je comprends (et j’approuve) les choix de Safia.
Ces « cyberintimidateurs-pseudo-Airoldi-police-de-la-mode » sont en train de couler dans l’roc l’image d’une vraie femme, d’une artiste, comme étant la grande perche en robe sexée qui parle comme la comédienne Sophie Faucher (je n’ai rien contre, mais on s’entend qu’elle perle plus que la majorité des Québécois).
Bref, ce n’est pas parce que tu deviens une artiste, que BAM! tu dois répondre à des exigences vestimentaires, parce qu’en fait:
y’en n’a pas d’exigences vestimentaires dans l’industrie de la musique!
On peut donc dire qu’en 2016, une paire jeans et un t-shirt ont réussi à soulever l’indignation : on aura tout vu!
Pour ma part, je me sens plus proche de Safia Nolin. Je sens que la musique me rejoint plus, lorsqu’elle vient d’une personne ordinaire, avec sa propre personnalité, qui ne se fond pas à l’industrie musicale et à ses supposés standards.
Son langage quant à lui, une autre raison de l’indignation, elle était hyper nerveuse. Elle a échappé un *on s’en criss*, peut-être cru, mais vu l’ensemble de la phrase c’était pratiquement bien placé. Traiter sa sœur de grosse conne? Je serais bien surprise que c’était pour de la méchanceté. Si ça se trouve, la personne concernée a même trouvé ça drôle, puisque c’était un inside de sœurs.
Et laissez-moi terminer par ce cri du coeur: les sympathiques crapets qui ne savent pas QUI est Safia Nolin, il serait peut-être temps de s’intéresser à la musique des artistes d’ici avant de crier haut et fort l’indépendance du Québec.
Désolé à tous si Taylor Swift n’était pas la révélation de l’année à l’ADISQ…
mic drop
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Crédit photo à la une: LePetitRusse