Coopération internationale – une expérience humaine qui transforme

0
533

J’ai souvent lu que trois semaines, plus précisément 21 petites journées, est le temps nécessaire pour créer une routine ou pour bien vivre une détox.

Je suis revenue d’un voyage de coopération internationale au Bénin il y a exactement 21 jours…

À mon retour, je me suis retrouvée catapultée dans mon quotidien, dans ma vie, celle qui était la mienne avant mon départ pour cette grande aventure.

Je ne sais pas comment l’expliquer, mais il y a eu un avant et un après.

Pendant ce voyage j’ai fait du chemin. Cependant, ma vie au Québec a été mise en suspens, elle a en quelque sorte été figée dans le temps. Je me retrouve 75 jours plus tard à essayer de reprendre la vie qui était la mienne, en me posant la question :

Est-ce toujours la vie que je désire ?

J’ai besoin de mettre par écrit mon ramassis d’émotions entremêlées.


Afrique VS Québec

Comme on m’avait dit avant mon départ:

En Afrique il n’y a pas de montre, il n’y a que du temps.

Un contraste frappant qui m’a happé immédiatement à mon retour. Ici, le temps, c’est de l’argent. Je dois prendre des rendez-vous, trouver un emploi, refaire mon horaire d’université… La liste ne cesse de s’allonger. J’accomplis une tâche pour en avoir 2 nouvelles qui s’ajoutent.

 La mer était calme et douce au Bénin

//

Au Québec, les vagues déferlent sur moi

Je prends trois respirations et je me dis que je vais reprendre le contrôle à mon rythme, à ma façon. Je dois juste prendre un instant pour trouver la destination que je veux atteindre.

J’entraperçois tranquillement la lumière du phare…


La définition du bonheur

Mon quotidien, je l’aimais. Je me trouvais choyée de pouvoir vivre ma vie. Je suis une éternelle optimiste. Cependant, maintenant, je comprends réellement le sens de ma philosophie de vie, qui était de me demander si j’étais heureuse avant de prendre une décision.

Je n’ai qu’une vie à vivre et je vais en profiter au maximum.

Malgré la pauvreté qui peut sévir au Bénin, les gens sont heureux. Pourquoi ? Par ce qu’ils sont riches. De l’amour, de l’espoir, de la persévérance et des projets, il y en a à profusion. Le peuple béninois regorge de talents et de personnes ambitieuses.

Malgré les difficultés les gens sont heureux.

Autre constat lors de mon retour au Québec je peux vivre ma vie comme je l’entends. Sans norme sociale qui oppresse les possibilités qui s’offrent à moi. Je peux me lever le matin et une multitude de choix s’offrent à moi : ce que je désire avoir dans mon assiette, si je désire que la brise fraîche me caresse tendrement les jambes ou bien si je veux porter un pantalon. Des choix à prendre qui ne nécessitent aucune grande réflexion, mais qui, je le sais maintenant, ne sont pas possibles dans toutes les cultures.

Je chéris ma vie et toutes les magnifiques possibilités qui s’offrent à moi.


J’ai changé…

Pendant 10 semaines, j’ai vécu une expérience enrichissante, mais par-dessus tout déstabilisante. Je me suis retrouvée face à l’inconnu. J’ai ouvert mes horizons sur une culture définitivement différente de la mienne, mais une culture tellement riche et chaleureuse qui m’a accueillie à bras ouverts.

J’ai vécu des difficultés pendant ce périple, mais l’expérience reste au-delà de mes attentes. D’ailleurs, j’ai de la difficulté à mettre des mots sur cette aventure. Par contre, le sourire qui se greffe à mon visage chaque fois que j’y repense est plus frappant que n’importe quel mot.

Mon retour au Québec s’est fait dans un silence.

Ici, nous passons incognito. Les sourires des femmes et les chants des enfants font place à un vide. Je dois prendre le temps de retrouver mes repères.

Les gens me disent que j’ai changé… Est-ce le cas? Je pense bien que oui!

Je réalise l’ampleur de la chance que nous avons. Que ce soit l’accès à l’éducation, à l’électricité, notre qualité de vie, etc.

Est-ce que je peux nommer les changements qui se sont opérés en moi ? La réponse est non. Les changements ne sont pas visibles à l’œil nu. Il se sont faits et continuent de faire leur chemin en moi de façon insidieuse.

Comme le dit si bien le dicton : il faut laisser le temps au temps.


Recentrer ses priorités

21 jours pour reprendre mon quotidien… Est-ce assez long pour dire que j’ai repris ma vie en main et que je me suis réapproprié mon quotidien occidental ? Je dois m’ancrer et me rappeler du rythme de vie au Bénin et des paroles de Mama Gisèle; le temps me donnera les réponses.

Je ne dois pas bousculer les choses et je me dois de savourer toutes les possibilités que m’offre la vie.

J’ai découvert que je suis une femme libre et forte, mais cela surtout grâce à l’endroit où je suis née. Cela me remet en question. Quelles sont mes priorités ? Quelles traces aimerais-je laisser de mon passage sur Terre ?

Je ne le sais pas encore, mais le temps me donnera des réponses.

J’ai les pièces du casse-tête. À moi de l’assembler maintenant. Une journée à la fois, action par action, j’atteindrai la destination que je me suis fixée et je saurai à quel moment il faudra que j’amarre.

D’ici là, je sens qu’il me reste un long périple à traverser…

Le Bénin n’était que ma première destination, d’une liste beaucoup plus longue !