Quand l’hôpital devient un lieu de rencontre…

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Et si je vous disais que mes plus belles rencontres, je les ai vécues dans les hôpitaux : me croiriez-vous ?

Je ne parle pas ici de rencontres amoureuses, détrompez-vous ! Je parle ici de rendez-vous avec le destin, de tête-à-tête avec de grandes âmes et de moments qui ont grandement influencé le cours de ma vie.

Remarquez que ça simplifierait probablement bien des choses que de faire connaissance avec l’être aimé dans une salle d’attente d’hôpital au Québec : tu as le temps d’échanger, tu vois la personne au naturel, tu évalues sa patience et tu en sais davantage sur ses petits ou ses gros bobos !


Ma fascination pour les salles d’attente

Rassurez-vous, la découverte des salles d’attente des centres médicaux de la planète ne fait pas partie de ma liste de choses à faire avant de mourir ! Je suis simplement curieuse, lorsque je visite une nouvelle ville, surtout dans un autre pays, de pouvoir aller y observer les gens et leurs installations pendant quelques minutes.

J’ai eu également mon petit lot de malchances et j’ai accompagné des proches malades, alors j’ai étiré quelques visites, par la force des choses. Bref, j’en ai vu suffisamment pour en conclure que certains lieux favorisent le mieux-être et les interactions humaines plus que d’autres…

À Las Vegas, j’ai passé la nuit dans un confortable sofa à regarder des séries sur écran géant.

À Châteauguay, c’était convivial, éclairé, espacé et on te servait la collation.

À Cuba, j’ai attendu debout tellement l’endroit était insalubre !

À Maisonneuve-Rosemont, c’était blanc, trop grand et déprimant !

Au Vermont, mes accompagnateurs ont bu des cafés lattés et plaisanté avec l’équipe médicale. Les chaises n’étaient pas confortables, mais comme l’attente n’est jamais longue dans cette clinique, ce fut un moindre souci !

À Longueuil, chez un dentiste, il y avait des jeux vidéo.

À Québec, la salle de jeux était si grande et attrayante, que je m’assoyais avec les gamins pour m’amuser.


Prendre le temps d’attendre

Le 31 décembre dernier, je me suis rendue à l’urgence de l’hôpital Jeffrey-Hale. J’avais besoin d’une prescription pour une infection récurrente, dont je connais bien les symptômes. Mon médecin étant en vacances, j’ai dû me résoudre à attendre 8 heures avant d’obtenir le précieux bout de papier.

J’avais alors deux choix :

  1. Perdre de l’énergie à maugréer et jouer la victime de notre coûteux système de santé
  2. Me munir d’un bon livre, de mon portable et m’accrocher un sourire pour profiter des précieux services de notre système de santé !

La deuxième option m’a semblé être la meilleure!

Après m’être inscrite et être passée au triage, j’ai scruté la salle d’attente attentivement. Assez singulier et morne comme endroit : murs gris, une dizaine de rangées de chaises non coussinées de couleur neutre, le son d’un poste de radio populaire et quelques revues désuètes.

À travers les enfants au nez coulant dans les bras de leurs parents, l’adolescente qui raconte sa « brosse » et son « trip de cul » de la veille en couinant, afin que tous les regards se portent sur elle, l’homme qui soupire et se lève aux cinq minutes pour aller demander à la réceptionniste si son tour approche (il ne sait certainement pas lire, car on affiche partout qu’on ne peut pas répondre à cette question…) et l’itinérante qui est entrée pour se réchauffer, le temps d’un café, je repère deux dames âgées au calme invitant.

Je prends place à côté de l’une d’elles et je tends l’oreille…

Elles échangent d’abord sur leur santé, sans filtre. Ces deux infirmières retraitées ont eu un cancer du sein et ont subi une mastectomie. Leurs conjoints sont décédés. Elles sont célibataires, mais n’ont pas renoncé à l’amour. Elles s’impliquent dans leur communauté. Elles demeurent socialement actives, c’est ce qui les tient en vie, car la famille, bien qu’elles se dévouent encore pour eux, n’est pas très présente. Elles sont vivantes et heureuses. Elles s’inquiètent pour les enfants malades qui font leur entrée dans la salle.

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Je m’immisce dans leur conversation pour leur signifier ma grande admiration, non seulement pour leur parcours de vie, mais pour leur positivisme contagieux. Puis, on partage nos épreuves, nos recettes de pâtisseries, notre vision de la spiritualité, de la politique et même de la sexualité !

Yolande, 71 ans:

Récemment, un homme a voulu coucher avec moi sans mettre de condom. Je lui ai rappelé qu’on était en 2018 et je lui ai poliment montré la porte ! Pourtant, il ne semblait pas souffrir d’Alzheimer !

Nous avons toutes trois explosé de rire ! Ça te change une ambiance de salle d’attente dans la seconde !

Je me suis laissée transporter par cette rencontre. On s’est même inquiétées pour Berthe, qui tardait à revenir lorsque son tour est venu… nous avons craint qu’on l’ait hospitalisé ! Comme je n’avais rien de prévu pour célébrer le Nouvel An, je lui aurais tenu compagnie !

Bref, ma dernière journée de 2018 fut un moment mémorable et riche d’humanité

La suite… la semaine prochaine!