Tu vas peut-être trébucher, t’enfarger comme lors de tes premiers pas… auxquels je n’ai pas assisté. Mais, attache-toi et tu ne tomberas pas! Je ne suis pas ta mère, toi et moi on le sait, mais nous ne tomberons pas.
On a traversé toutes les bourrasques inimaginables
J’ai même quitté le navire quelques temps, seule dans ma chaloupe, pour observer de loin ton père reprendre les commandes. Tu as voulu te jeter par-dessus bord à plusieurs reprises, mais, tant bien que mal, tu as finalement pris la décision de t’attacher pour ne pas basculer!
Cette femme, ta maman!
Celle qui t’a mise au monde a fait de mauvais choix, des choix incompréhensibles, te laissant en plan avec des conséquences trop lourdes pour une petite de trois ans. Tu te l’imaginais, cette maman, belle et fragile, se tenant loin de toi comme pour te protéger de sa « maladie ».
Six ans ont passé… et comme par magie, tu l’as retrouvé, cette maman. Après une trop courte lune de miel, tu as vécu la déception, la honte, la peur… et tu as réalisé du haut de tes dix ans que cette femme n’était pas celle que tu avais tant espéré!
Un jour, ta petite voix m’a appelée maman…
J’ai eu peur, car pour moi, l’amour maternel, on le porte, on le nourrit, on le berce ou on l’adopte! Ce « maman » m’a bizarrement fait sentir comme le prix de consolation, la maman de dépannage.
Pourtant, ce jour-là, ta fragilité de luciole blessée a pris son courage à deux mains pour me demander de l’aimer. Ce jour-là, tu m’as fait le cadeau de ta confiance égratignée pour que je la soigne!
En toute honnêteté, j’ai eu peur.
À mes yeux, j’avais porté deux enfants, j’étais donc mère deux fois et ma place auprès de toi se limitait à celle de la blonde de ton père. Un rôle de belle-mère traditionnelle, ni trop cool, ni trop sévère, qui se mêle de ses affaires et qui délègue au paternel. La vie en a rapidement décidé autrement et m’a imposé une place plus grande dans ta vie, m’a forcé à être plus forte et à tasser mes angoisses pour apercevoir tes grands yeux prunes, trop souvent brumeux, entendre tes pleurs, déceler tes peurs et porter tes doutes.
La résilience en souliers roses!
T’as menti à bien des gens pour leur faire croire que ta maman, c’était moi… Par honte qu’on te croit si mauvaise que celle qui t’a mise au monde ait fait le choix de t’abandonner. Maintenant tu ne mens plus.
À tes yeux, je ne suis plus ta belle-maman, je suis ta maman belle!
Tes simples mots, écrits de ta petite main, et toutes tes cartes de fête des mères qui ne devaient pas m’être destinés le sont aujourd’hui. Par essai et erreur, on a bâti cette relation unique qui est la nôtre. Non, je ne suis pas celle qui t’a mise au monde, mais le lien qui nous unit est aussi précieux… le lien de la deuxième chance.
Si j’avais eu à choisir ma fille, c’est toi que j’aurais prise.
Contre toute attente, c’est grâce à toi que je suis devenue une meilleure maman et une meilleure personne. Ta résilience et ta force font de toi une enfant qui résistera aux grands vents et tempêtes de l’adolescence et de la vie d’adulte.
Lève les yeux vers le ciel, ne regarde pas en arrière, fixe droit devant toi… papa et moi, on est là!
Tu tomberas encore, c’est certain, mais tu te relèveras toujours!