Parfois, c’est juste bête la vie.

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Photo Max McKinnon, Unsplash

Tantôt, j’ai voulu sauver une araignée. Toute petite, elle avait froid. Tu l’aurais trouvée belle! Je l’ai rentrée chez moi, puis en fermant la porte, j’ai accroché le porte-poussière. Rien de particulier. Sauf qu’il est tombé sur l’araignée que je venais de sauver.

Ça l’a tuée, écrasée.

Je l’ai regardée, étonnée devant la vie. Parce que des fois, on a juste un sursis qui s’épuise tout de suite. D’autres fois, c’est plus long.


Comment ça marche, la vie?

La vie est une sorte de tague. Mais, on ne sait jamais à celle qu’on joue : il y a la BBQ, la tague ketchup, la tague gelée, la tague ordinaire et puis la cache-cache tague. On peut aussi faire un mix de tout ça… Parce que les règles, on peut les changer, les adapter aux contextes.

Mais, il y a aussi les fois où on se fait sortir du jeu plus vite qu’on ne le voudrait…


Alexis Samson, un héros

Vous ne connaissez pas son nom. C’était mon autre frère. Celui avec qui je ne partage ni mère ni père. Mais, on a grandi ensemble : c’était l’ami inséparable de mon frère. C’était deux ti-culs qui riaient, qui s’inventaient des histoires, qui se chicanaient aussi, mais jamais longtemps.

Moi, j’étais la petite sœur de service (Alexis avait déjà ses deux vraies grandes sœurs, Annie et Catherine… il en fallait bien aussi une petite à achaler). Fa’que j’étais la petite qui les suivait partout. Celle qui les copiait aussi, par admiration.

Jusqu’à me faire convaincre de me raser les cheveux pour ma rentrée à la maternelle… Anyway, ça repousse!

Alexis, c’était aussi l’ami qui appelle à 6 heures du matin, qui ne comprend pas pourquoi il est trop tôt pour commencer à jouer. Je me dis aujourd’hui que peut-être qu’il le savait, lui, qu’il devait courir plus vite que les autres. Plus tôt aussi.

Parce qu’Alexis, y’a des bouts de son corps qui n’ont pas suivis. Il est devenu « monocouillu », en insuffisance rénale, etc. Mais, il souriait toujours sous sa tuque, même quand il grelotait de froid à cause des traitements.

Lui, il ne voulait pas se faire sortir du jeu. Il continuait de courir pour ne pas se faire taguer. Mais, il est mort au combat : grugé par les cancers


Qu’est-ce qu’on fait, après?

Photo: Pexels.com

Y’en a qu’on oublie, d’autres qui restent dans notre tête pour toujours. Vous êtes beaucoup à avoir un Alexis dans votre vie. Un héros. Pis après? On fait des choix. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs. À prendre le temps d’avoir le temps.

Parce que la dernière chose qu’Alexis m’a dite, c’est par écrit :

Tiens, mon autre sœur. Je devrais être mort, faut que je te parle…

On n’a pas réussi à se voir. Et il est mort.


La vie est belle quand même

Alexis, à ton enterrement, je venais de tomber enceinte, à me demander si je pouvais garder la vie en dedans de moi, si c’était le bon timing. Tu m’as fait comprendre, ce jour-là, comment ça marche la vie.

Faut pas tout le temps chercher. Parfois, c’est juste bête, la vie.

Mais ce n’est pas vrai qu’elle est bitch; des fois, c’est de même « so, deal with it ». On apprend. C’est pour ça qu’il faut faire pour le mieux. Parce que c’est beau et ça fait du bien.

On t’aime Alex!