Maman, j’ai rien à faire…

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Je m’ennuie… Je m’emmerde… J’AI RIEN À FAIRE!

Désolée, mais je n’en peux plus de ces groupes de mots, ils m’agressent, me rentrent dedans comme une insulte à ma personne, à mon rôle de mère. C’est pour moi le maringouin des répliques infantiles estivales:

Elles m’achalent et arrivent fréquemment sans prévenir, plus  souvent au coucher du soleil, quand la fatigue s’installe ou, après la pluie, quand il n’y a RIEN À FAIRE!


Mère ou animatrice?

Pourquoi cette tirade me donne-t-elle l’impression d’avoir manqué mon rôle de mère?

Pourtant, j’ai étudié en théâtre, en communication et en éducation spécialisée, j’ai travaillé avec des enfants de tous âges et je me considère comme une tête maternelle remplie d’imagination.

Rien à faire… ils n’ont RIEN À FAIRE!

Honte à moi lorsque je me surprends à plier et leur remettre leur iPad, iPhone, ou manettes de console, mais c’est ça ou je craque!

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Croyez-moi, avec quatre enfants à la maison (sans compter les copains et copines), des fissures, il y en a… Alors mes chances de craquer sont de plus en plus fortes!

Je me lance donc dans mon charabia de « moi, quand j’étais petite », mais je constate rapidement que, lorsque j’étais petite, on n’avait pas tant de choix de choses à faire…

  • Est-ce donc la surexposition aux dizaines de possibilités qui font d’eux des anxieux qui ne savent plutôt pas quoi « choisir » et  non qui « faire »?
  • Est-ce la surstimulation durant l’année scolaire qui rend mes enfants aussi vides d’imagination durant les vacances?

J’essaie donc les  « va faire travailler ton hamster », « invente-toi un jeu », « va chasser les insectes », « prends ton vélo et va jouer au parc », « jouez à la cachette » (ça, mon ado ne l’aime pas) et le traditionnel:

JE NE SAIS PAS, MOI, MAIS OCCUPE-TOI!

J’ai même ajouté le « va prendre un bain », comme quoi il faut parfois joindre l’utile à l’agréable!


L’angoisse des vacances estivales!

Honnêtement, j’angoisse à partir du 1er juin à l’idée d’entendre cet aparté et de devoir contenir mes émotions. Je ne sais pas si c’est de la colère, de l’incompréhension ou de la déception, mais ce « J’AI RIEN À FAIRE » me secoue à 10 sur l’échelle de Richter-des-mamans.

En fait, c’est peut-être de la jalousie, car moi, je n’ai JAMAIS le temps de rien faire. Quand j’essaie de ne rien faire, j’ai ces petites voix dans ma tête qui me disent « t’as du linge à plier », « ton jardin se meurt sous les mauvaises herbes », « t’as pas couru ton 5 km », « tu devrais aller voir ta chum et ta nièce que t’as pas vues depuis 1 mois ».

Et là, depuis 2 semaines, les petites voix, elles ne sont pas dans juste ma tête! Elles sont aussi bien réelles… et, en plus, elles se cherchent quelque chose à faire!


Un complot des psychologues?

Je sais, beaucoup de psychologues s’entendent pour dire qu’il est bon de laisser les enfants s’ennuyer! Eh bien pardonnez-moi, mais j’ose croire que ces savants de la cervelle ont fait naître cette tendance afin d’avoir une augmentation de leur clientèle de parents au retour des vacances estivales.

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Parce qu’un enfant qui s’ennuie, ça chigne, ça rouspète, ça tourne en rond autour de nous… bref, ça peut rendre fou!

Je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation, mais je ne me plains pas, je me libère.

Du coup, les inscrire au camp de jour tout l’été, je me sens comme une mère qui abandonne ses enfants. Surtout que, grâce à nos carrières respectives, l’homme et moi avons la chance d’être souvent à la maison. Donc, aucune raison de bénéficier de ce service essentiel, non?


Généalogie

Ma grand-mère paternelle barrait la porte entre chaque repas, afin d’inciter ses dix enfants à rester jouer dehors!

Ma mère s’époumonait des dizaines de fois « Magalie, viens manger! » pendant que je faisais la sourde d’oreille pour ne pas rentrer! Et moi, je pratique le :

Si tu ne m’écoutes pas, tu vas allez jouer dehors!

Définitivement, une branche de ma généalogie vient de céder!