J’ai (presque) grimpé le Kilimandjaro – Partie 2

0
887
Jour 2 de l'ascension, direction : camp Shira.

Dans la partie 1 de mon récit, j’ai terminé mon histoire en embarquant dans l’avion. Fast forward à Moshi, petite ville au creux de la vallée du Kilimandjaro.

Jour -2 et -1 / Moshi
On arrive (enfin) à Moshi, exténués mais fébriles! Il fait chaud, et noir, donc on ne voit rien. À l’hôtel, auquel on accède par une des plus belles routes de terre, on nous attend. Nous profitons tous de notre avant-dernière nuit dans le confort!

Le lendemain, nous partons nous promener à Moshi. On doit faire attention à la circulation à gauche, surtout pour traverser la rue. On marche dans une ancienne gare de train vers le marché. À un moment, j’entends un enfant courir derrière moi. Je me retourne et j’ai à peine le temps d’apercevoir la fillette qui enlace ma jambe avec détermination, un grand sourire aux lèvres!

Une rencontre touchante! En arrière-plan, derrière le nuage, se dresse le majestueux Kilimandjaro.

On continue notre chemin vers le marché, un amalgame de kiosques de toutes sortes. On se fait défigurer… ça m’étonne quand même, car il y a près de 20 000 touristes qui s’aventurent au Kilimandjaro chaque année! Nous tentons de dissiper le malaise à coups de «Jambo jambo» (bonjour en swahili).

Le marché de Moshi et son chaos. On y trouve de tout!

Nous terminons notre petite visite par un dîner dans un restaurant de touristes… surveillés par un militaire avec sa mitraillette. J’ai l’impression d’être la seule qui s’inquiète!
Puis, retour à l’hôtel, bagages, rencontre pré-départ, souper et dodo! 


Le départ

Jour J (23 février) / Kilimandjaro!!!
La fébrilité est dans l’air! C’est le grand jour. Aujourd’hui, on s’attaque au toit de l’Afrique! J’ai hâte et j’ai peur en même temps : je sens que je m’apprêtes à vivre une expérience qui va changer ma vie.

On arrive à la fameuse porte Machamé, à 1 828 mètres d’altitude. Toute notre équipe de porteurs et de guides nous attend : une trentaine de personnes nous accompagneront. C’est impressionnant! Car il faut tout transporter: notre matériel, tentes, nourriture, eau… pour une semaine en montagne.

Nous rencontrons notre équipe de guides et porteurs!

Sacs au dos, bottes au pied, bâtons en mains – on part! Une longue journée de montée graduelle dans la jungle nous attend. À ce moment, tout va bien de mon côté. Le corps suit, le mental aussi. On monte, un pas à la fois, polé polé : il faut avancer lentement, respecter la montagne.

Jour 1. La jungle tanzanienne!

Après le lunch, le groupe se divise. À un moment, je marche seule… mais ç’aura été le seul moment de l’ascension. Un de nos guides, Magoma, me rejoint et s’adapte à mon rythme.
J’arrive vers 16h30 au premier camp à 3 000 mètres. Magoma me félicite!

You made it! First day! Congratulations!

Puis, c’est au tour de Sophie, France et mon père de m’accueillir avec un énorme sourire!

1/7 : check!

On se dirige vers nos tentes. Première impression de la nôtre, à mon père et moi: wow, un vrai palace!!! Vous auriez dû voir ma face une fois nos deux sacs rentrés, matelas et sacs de couchage installés. On passera pour l’espace et l’intimité!

Notre palace de 28 pieds carrés!

Jour 2 / Shira Camp (3 750m)
Nous quittons le camp vers 8h00, sous un soleil radieux. Aujourd’hui, nous devons faire face à une montée plus abrupte, à travers de grosses roches.

Notre rythme est bon. Les paysages, à couper le souffle, sont notre récompense. La journée se passe sans tracas, et ce, pour tous. L’énergie est excellente! On arrive au 2e camp en milieu d’après-midi et on ne voit rien: nous sommes dans les nuages! Après une petite sieste, le paysage se décline devant nous, sous un coucher de soleil incendié. Nous sommes émus… la nature est sans aucun doute mon artiste préférée.

Camp Shira, 3 750m, Kilimandjaro

La migraine…

Jour 3 / Lava Tower Camp (4 600m) et Barranco (3 900m)
On se réveille avec la vue du sommet qui se dresse devant nous. Il semble si proche!

Le jour 3 est une journée critique pour l’acclimatation à l’altitude. Pour la première fois, nous dépasserons la barre des 4 000 mètres. Nos corps ne sont pas habitués à fonctionner à une telle altitude, encore moins d’y faire un effort physique.

La journée commence bien. On jase tout en mettant un pied devant l’autre. Steve me partage ses trucs pour le mental, comme de fixer un point au loin (mais pas trop…) et de se féliciter quand on l’a atteint. Ou de compter tes pas jusqu’à 50… puis de recommencer.
Vous riez peut-être, mais ça aide vraiment!

Polé, polé…

Après environ 2 heures de marche, mon cou et mes trapèzes commencent à élancer. Merde… les signes avant-coureurs d’une belle migraine n’ont presque pas le temps d’avant-courir qu’elle s’installe, confortablement et sans l’intention de quitter prochainement.

Toi aussi, tu imagines la migraine s’asseoir sur une chaise de plage dans ma tête, avec un margarita?

Là, tout devient pénible

Ceux qui ont déjà eu des migraines comprendront : tu veux juste te coucher en position fœtale. Tu veux pas monter le Kilimandjaro… et encore moins la portion qui t’amène à 4 600 mètres!!!

Lava Tower Camp, 4 600m, Kilimandjaro. Vous voyez le petit point orange environ au centre? On s’en allait là. Et j’étais déjà plus capable…

Alors, tu mets un pas devant l’autre, tu essaies d’oublier la douleur qui s’accentue à chaque minute qui passe, et c’est là que ton mental embarque. C’est lui qui t’amène jusqu’à la Lava Tower, où tu t’effondres dans les bras de ton père. Lui qui te donne la force de t’asseoir, d’enlever ton manteau, de dîner. C’est lui qui te fait mettre un pied devant l’autre à travers les roches, les forêts de séneçons et la vallée qui te mène au pied du mur de Barranco.

Quand, à 17h30, après plus de 9 heures de marche, tu arrives enfin au camp, c’est lui que tu remercies aussi… Et c’est là que tu te rends compte de sa puissance.

Nous arrivons au camp de Barranco à travers les séneçons, un mélange vraiment particulier de cactus et de palmiers!

Le premier « grand » défi

Jour 4 / Mur de Barranco jusqu’au camp Karanga (3 995m)
Je me réveille avec la tête plus légère. Yé!!! Ma migraine est partie. Par contre, je me suis mise à tousser et à entendre ma respiration siffler… Mais, je refoule cette réalité, me disant que ça ira mieux.

Ce matin, nous attaquons le fameux mur de Barranco. J’ai entendu dire que c’était l’endroit où il y avait le plus d’accidents dans l’expédition et que c’était un réel défi pour les personnes qui ont le vertige (allô!).

Hmmm… Rassurant

Le MUR. Cherchez les petits points colorés… ce sera nous bien vite.

On part! On voit le mur au loin et des petits points colorés qui représentent des personnes. Il est majestueux. Plus on s’en approche, plus il se dresse tel un conquérant devant nous. Mais une fois rendus dans la montée… c’est le fun!!!! On s’aide avec nos mains, on est collés contre la montagne. Oui, il y a le vide d’un côté, mais il n’est pas si abrupt et on ne fait pas exprès non plus pour le frôler. Pas besoin d’équipement d’escalade non plus.

L’effet de la photo donne le vertige… mais je ne le ressentais pas!

À deux endroits, on doit faire de grandes enjambées, pratiquement par-dessus le vide. Là, j’ai eu peur. Mais mes guides étaient là, peinards, les mains dans les poches (sauf quand ils me les tendaient…) et rassurants.

On a réussi!!! Et c’était pour la plupart notre montée préférée.

Rien à voir avec ce à quoi je m’attendais!

Une petite pause collation bien méritée!

La finale sera à lire… la semaine prochaine!